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Les verrues cutanées, comment en venir à bout ?

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Les verrues, ces lésions bénignes de la couche superficielle cutanée et induites par un virus, revêtent de multiples aspects et touchent particulièrement les enfants. Comment les reconnaître, que proposer et quand faut-il orienter vers un avis médical ?

Les verrues sont induites par les virus de la famille des papillomavirus (HPV) à tropisme épithélial qui peuvent se retrouver à la surface de la peau de nombreux porteurs sains. La transmission peut se faire par contact cutané direct, par auto-inoculation essentiellement ou indirectement par l'intermédiaire de squames contaminées (salles de sport, douches collectives, piscine...). La période d'incubation du virus est variable selon le statut immunitaire de l'individu. Les microtraumatismes cutanés et les milieux humides favorisent aussi la transmission.

On distingue le plus souvent les verrues :

vulgaires : les plus répandues chez les enfants et adolescents, localisées principalement sur le dos des mains et des doigts, d'aspect en dôme dur, rugueux et en relief. Une localisation périunguéale peut être responsable d'altérations douloureuses en cas d'arrachage. Sur d'autres parties du corps, elles peuvent prendre un aspect filiforme (ex : papillome verruqueux au visage).

plantaires : les myrmécies, localisées essentiellement sur les zones de pression des pieds, se caractérisent parfois par un centre tacheté de points noirs pouvant saigner. Plus fréquentes, elles peuvent être douloureuses à la marche voire invalidantes. Les verrues en mosaïque, superficielles, confluentes, accompagnées ou pas de douleur, se retrouver aussi sur les mains.

planes : beaucoup plus rares, souvent localisées au niveau du visage ou au dos des mains et regroupées sous forme de plaques ou de stries. Elles ne sont pas systématiquement traitées en raison du risque cicatriciel important.

Leur aspect est conditionné par les soustypes de virus.

Prise en charge

Généralement, les verrues guérissent spontanément entre 6 et 24 mois mais un risque de récidive existe car le virus peut persister dans l'épiderme sain. Les verrues non traitées peuvent s'étendre, toucher d'autres parties du corps (auto-inoculation) ou être transmises à une autre personne. Afin d'éviter l'extension ou la surinfection des verrues, il est recommandé de protéger la verrue avec un pansement adapté, de ne pas inciser ou tenter d'enlever la zone hyperkératosée, de se laver les mains en cas de contact direct et de porter des chaussons adaptés en cas de fréquentation de piscines ou de douches publiques.

Il faut tenir compte du risque de transmission, des douleurs, de l'aspect inesthétique, ainsi que de l'âge du patient, de son état immunitaire, du nombre, type et localisation des verrues.

L'association de plusieurs méthodes est possible et une réévaluation de l'état clinique est nécessaire après quelques mois.

Les patients diabétiques, immunodéprimés, atteints de neuropathie ou artériopathie périphérique doivent demander un avis médical. Une consultation médicale s'impose également en cas de présence de verrue(s) sur le visage ou les organes génitaux, de verrue douloureuse se multipliant, de verrue à proximité de l'ongle, de verrue présentant des signes inhabituels (saignements, infection, modification de couleur ou de forme,...), de présence de plusieurs verrues localisées sur différentes parties du corps.

Méthodes chimiques

1. Agents kératolytiques et corrosifs : des applications locales quotidiennes d'un ou plusieurs acides organiques en couche occlusive après limage de l'hyperkératose en protégeant la peau péri-lésionnelle provoquent directement une destruction de la zone d'épiderme infectée. L'acide salicylique provoque une dissolution de la couche cornée par la lyse de la cohésion intercellulaire. Une réponse immunitaire pourrait être également déclenchée par une légère action irritante supplémentaire. Les concentrations (10-60%) varient selon les présentations et des préparations magistrales (vaseline, collodion) peuvent être prescrites. Les acides lactique, trichloracétique et formique font également partie des kératolytiques. Cette méthode n'est pas recommandée en cas de verrues localisées sur le visage ou au niveau génital, d'allergie aux salicylés, de patients atteints de neuropathie ou de diabète. L'utilisation chez l'enfant de moins de 2 ans est également contre-indiquée. 2. Cytostatiques : le 5-Fluorouracile (5-FU) en application locale à faible concentration (0,5%) entraîne un trouble de la croissance des cellules infectées par le HPV. Une irritation locale ou des onycholyses en cas de verrues péri-unguéales limitent parfois son utilisation.

Chez le dermatologue, des injections intralésionnelles de 5-Fluorouracile montrent un taux de guérison supérieur par rapport à un placebo. Vu le mode d'action, la prise orale concomitante de nucléosides antiviraux est une contre-indication à la prescription. La bléomycine fortement diluée par voie intralésionnelle provoque une apoptose des kératinocytes par inhibition de la synthèse d'ADN et de protéines. Son emploi semble intéressant en cas de verrues plantaires réfractaires aux traitements. La podophylline et la podophyllotoxine, poisons du fuseau inhibant la division cellulaire dans une phase de la mitose, sont utiles en cas de verrues ano-génitales.

Méthodes physiques

En cabinet médical, la cryothérapie par pulvérisation directe d'azote liquide sur la verrue entraîne un endommagement direct des cellules cutanées avec interruption simultanée de leur approvisionnement vasculaire provoquant une nécrose de la zone traitée. Cette méthode est à éviter chez l'enfant car elle s'accompagne de douleurs pouvant persister plusieurs heures après le traitement. Il peut y avoir une réaction inflammatoire exsudative durant 1 à 3 jours et une hypopigmentation en cas d'endommagement des mélanocytes. Des dispositifs sans prescription contenant du diméthyléther, du propane et en fonction des produits de l'isobutane forment un gaz pour un traitement ambulatoire mais ils n'atteignent jamais la température de la cryothérapie d'azote liquide et ils sont contre-indiqués chez le jeune enfant. L'électrocoagulation, le curetage chirurgical ou la vaporisation au laser CO2 sont des pratiques médicales moins utilisées en raison du risque cicatriciel et des douleurs provoquées.

Aromathérapie

L'huile essentielle de Cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum), riche en cinnamaldéhyde et eugénol, peut s'appliquer pure en protégeant la peau autour en raison de sa dermocausticité. Son emploi est contre-indiqué chez l'enfant de moins de 6 ans, la femme enceinte ou allaitante.

Verrues: tableaux cliniques et traitements, Streit M.

Le pharmacien, acteur de la prise en charge des infections cutanéo-muqueuses à l'officine, Benoît-Golin P.

Dermatologie pédiatrique, Guidetti R.

Verrue plantaire ? Cor ? Durillon ?

Cor: plus douloureux qu'une verrue, sensibilité à la pression mais pas lors du pincement contrairement à la verrue plantaire ; pas de point noir en son centre ; pas d'interruption des lignes naturelles de la peau.

Durillon : épaississement de la peau non douloureux, localisé au niveau d'une zone de pression, conserve les lignes naturelles de la peau.

Chez les personnes âgées, les verrues peuvent parfois être confondues avec des tumeurs cutanées.

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Écrit par Margaux François

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