Pourquoi les cosmétiques naturels cartonnent ?

L'univers de la beauté et du bien-être se réinvente pour proposer des produits de qualité plus simples et plus écoresponsables. Les marques de cosmétiques proposent désormais une gamme dite " naturelle " destinée aux femmes et aux hommes.
De plus en plus de pharmaciens, à l'écoute de leur patientèle, font une place aux cosmétiques naturels. Face à des consommateurs de mieux en mieux informés et conscientisés, la demande de renseignements sur la qualité des cosmétiques, la provenance des matières premières, les preuves d'authenticité fait partie des questions récurrentes à l'officine. Il n'est pas rare de voir une consommatrice scanner un cosmétique sur son smartphone et attendre le verdict des applications comme Clean beauty, Quelcosmétic, qui lui permettent de décoder le charabia de la liste des composants selon la nomenclature internationale (INCI). Pour aider le pharmacien, un portail performant et surtout indépendant tel que l'Observatoire des cosmétiques1, qui dispose d'une cosmétothèque reprenant les marques, créateurs, produits, ingrédients, packaging et réglementation européenne (disponible en français et anglais), devient un outil indispensable.
Minimalisme cosmétique
De plus en plus de consommateurs éclairés souhaitent aller plus loin. Charlotte Renard, maquilleuse professionnelle et esthéticienne en Ardenne, a créé sa propre entreprise de cosmétiques naturels (Bobone fresh cosmétic2) : " Ma clientèle féminine de 18 à 50 ans (et maintenant de plus en plus d'hommes) souhaite des produits 100% végétal, naturel, bio, vegan-friendly, avec des contenants recyclables. Ils acceptent une galénique plus simple et un confort d'application différents de ceux de la cosmétique conventionnelle. Je leur explique toujours l'histoire des matières premières, d'où elles viennent et les efforts que nous mettons en oeuvre pour préserver la qualité de cette matière première jusqu'à la fin de la chaîne de production. Cette recherche d'authenticité avec de bons produits n'est pas un phénomène de mode mais le reflet de la tendance actuelle, le respect du monde qui nous entoure ".
Le choix des cosmétiques se fait d'abord sur un critère de santé. La préoccupation environnementale vient dans un deuxième temps mais elle gagne en force. " J'utilise des flacons en verre bruns, sérigraphiés, chauffés à 600 degrés, mes clients me les rapportent et ils sont recyclés ".
En pratique
Les producteurs de cosmétiques doivent aller vers des formules plus simples :
remplacer certains ingrédients synthétiques par des alternatives plus naturelles,
favoriser les ingrédients issus de la chimie verte,
adhérer à des certifications vertes et soucieuses de l'environnement,
se tourner vers la biotechnologie,
faire des black-lists d'ingrédients controversés.
La difficulté est la stabilité et le risque de déphasage pour les formulations à base d'eau, précise Charlotte Renard : " La stabilité de mes formules solides ne pose aucun problème, à partir du moment où l'eau est présente dans les formules, il est nécessaire d'innover sans faire de compromis sur la qualité. Je délègue la fabrication de deux de mes formules à base d'eau à un laboratoire qui, grâce à une turbine-émulseur performante, garantit la stabilité du produit et le respect des GMP ".
1. www.cosmeticobs.com
2. www.bobone.be
Zoom sur les indésirables et leurs alternatives
Voici une liste non-exhaustive de produits préoccupants pour la peau, à déchiffrer sur les étiquettes des cosmétiques, y compris les bios, naturels, 100% végétal.
Les parfums de synthèse
Derrière le mot fragrance se cachent 2.500 parfums utilisés dans l'industrie cosmétique dont 100 très allergisants. Dans la population générale, 1,7% à 4,1% des sujets sont allergiques aux cosmétiques parfumés suivant le test épi-cutané avec un " fragrance-mix " standard. Le score monte à 10 % chez les patients avec une peau atopique. L'allergie au parfum est surtout prédominante chez les femmes présentant un eczéma de la face et des mains.
L'alternative : aucune, choisir un cosmétique sans parfum et se méfier des cosmétiques à base de plantes qui contiennent des parfums natifs.
Les silicones
Les " thicone, thiconol, siloxane... " utilisés pour lisser et matifier instantanément la peau (fond de teint) ne sont pas toxiques pour la peau mais bien pour l'environnement car il faut des années pour éliminer leur présence dans la nature.
L'alternative : les marques bio utilisent des protéines de soie, des algues, du tamarin pour texturer leurs cosmétiques.
Les parabènes
Ces esters sont utilisés en cosmétologie pour leurs propriétés antibactériennes et antifongiques. Depuis 2010, leur utilisation porte à controverse car ils sont susceptibles d'activer les récepteurs aux oestrogènes et donc d'induire un risque pour la fertilité et les tumeurs oestrogène-dépendantes.
La commission de cosmétologie a donné un avis favorable pour les moins nocifs : le méthyl parabène (E218) et l'éthyle parabène.
L'alternative : la vitamine E pour son pouvoir antioxydant pour les émulsions " eau dans l'huile ", l'extrait de pépin de pamplemousse pour les émulsions aqueuses ou le conditionnement en bloc stérile.
L'aluminium
Les sels d'aluminium et de zirconium hydratés sont autorisés par la réglementation cosmétique uniquement dans les produits anti-transpirants à la concentration maximale de 20%.
Ils bloquent la transpiration en resserrant les pores de la peau et en limitant la sécrétion sudorale. Pour le moment, aucune étude n'a permis de faire le lien entre le cancer et l'exposition à l'aluminium via la peau. Le Conseil supérieur de la santé donne des recommandations comme de ne pas appliquer le déodorant ou la pierre d'alun sur une peau lésée ou juste après l'épilation.
L'alternative : l'huile essentielle de Palmarosa (Cymbopogon variété Motia) dans une huile végétale bio pour ses propriétés antibactériennes et anti-transpirantes ou le bicarbonate de soude dans une huile végétale bio.