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consultation téléphone
Une consultation classique peut générer jusqu’à 1.000 fois plus de CO₂ qu’un appel de 20 minutes.

« Il faut intégrer le climat dans les décisions de santé »

Pour le Dr Dragos Ifrim, anesthésiste et membre des Shifters Belgium, chaque décision de politique de santé devrait être éclairée par son impact environnemental. La téléconsultation en est un bon exemple : faible empreinte carbone, utilité clinique ciblée, coût modéré. Reste à convaincre les décideurs.

Lorsque l’Inami suspend, à la mi-février, le remboursement des téléconsultations téléphoniques, le collectif des Shifters Belgium décide d’agir. « On s’est dit que c’était une bonne opportunité », soutient le Dr Dragos Ifrim. Non pour contester la mesure en tant que telle, mais pour rappeler un point encore trop peu pris en compte : « Toute décision médicale a un impact écologique. »

C’est dans cette optique que les Shifters Belgium publient un rapport inédit, coécrit par l’anesthésiste. Il ne s’agit pas d’évaluer l’efficacité clinique de la téléconsultation – d’autres l’ont fait – mais bien de mesurer son empreinte carbone. Et de montrer que certains arbitrages budgétaires, en apparence techniques, peuvent ralentir la transition écologique du système de santé.

Un changement de culture médicale

Le covid, malgré son coût humain désastreux, a permis de faire évoluer la culture médicale, notamment par le biais de la téléconsultation. Le Dr Ifrim le constate dans sa pratique : « Dans mon service, 70 % des consultations se font désormais par téléphone. Pas pour tout, bien sûr. Mais pour vérifier et adapter les traitements pré-opératoires, relever les allergies, expliquer les différentes techniques d’anesthésie, l’appel suffit souvent. »

« Il ne faut pas opposer proximité et contact humain. Ce sont deux choses différentes. Quand on n’a pas besoin de voir physiquement le patient, pourquoi le faire venir ? » Cette souplesse permet, selon lui, de mieux adapter le soin et de réduire les déplacements inutiles.

Un levier parmi d’autres

Faut-il aller jusqu’à intégrer ce facteur environnemental dans les décisions de l’Inami ? « Oui, sans ambiguïté. Si on veut respecter les accords de Paris, il faut absolument que le climat entre dans les critères de remboursement. » Il cite l’exemple du NHS britannique, engagé vers la neutralité carbone d’ici 2040. « En Belgique, on vise 2050, mais on n’a pas encore de trajectoire claire. »

Le rapport Operation Zero, publié par la Cellule nationale Santé-Environnement , confirme cet angle mort. Même avec tous les leviers actuels, il reste un déficit d’émissions non compensées. « La téléconsultation ne résout pas tout, mais elle fait partie des outils disponibles », estime Dragos Ifrim.

Pas question pour autant de céder au « techno-solutionnisme ». « Le numérique a un impact : énergie, matériaux, données. Si on multiplie les consultations sans réduire celles qui pourraient être évitées, on risque un effet rebond. »

Il appelle donc à un usage raisonné, centré sur le juste soin. Et pourquoi pas, à terme, à des incitants différenciés selon l’empreinte des actes ? « Ce pourrait être une piste, mais la priorité reste la qualité. L’environnement ne doit pas servir de prétexte à un soin au rabais. »

Sensibiliser la profession

La transition doit aussi venir des soignants eux-mêmes. « 99 % des médecins veulent agir pour le climat, mais peu savent comment. C’est là que nous intervenons : pour identifier les bons leviers, dans la pratique. »

Une journée de réflexion intitulée « Les Assises de la transformation durable des institutions de soin » est prévue au Chirec Delta le 25 novembre prochain, autour du thème : « le soin zéro carbone ». Le Dr Ifrim et ses collègues Shifters espèrent y fédérer des collègues soignants, des gestionnaires et des décideurs. « La transformation du système ne viendra pas d’un décret, mais d’un changement de culture. Et pour cela, il faut d’abord oser en parler. »

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Écrit par Laurent Zanella4 juin 2025

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