Actualités médicalesPremium

Paul De Munck, nouveau président du GBO : " Rien ne peut se faire sans la collaboration des médecins "

Le nouveau président du GBO a accordé un entretien exclusif au journal du Médecin. Il assurera son mandat dans la continuité du syndicat de MG qui vient de fêter ses 50 ans : opposition constructive avec les autorités et la ministre de tutelle, forte dimension de santé publique sans corporatisme outrancier. Sur les dossiers chauds, Paul De Munck se réjouit que le dialogue ait repris avec Maggie De Block et l'Inami.

Le Journal du médecin : Félicitations pour votre intronisation... Vous étiez attaché à la Présidence... C'est un peu le spin doctor qui devient président... Expliquez-moi.

Paul De Munck (rires) : Comme tout le monde le sait, j'ai été vice-président du GBO sous la présidence du regretté Philippe Vandermeeren. Puis j'ai passé de longues années en Afrique et je suis revenu en Belgique depuis 2010. Et j'ai rejoint le GBO comme attaché à la présidence car le syndicat cherchait quelqu'un qui pourrait s'occuper pleinement de syndicalisme par rapport aux têtes pensantes qui ont une pratique de MG importante, dont la présidente Anne Gillet. J'arrivais donc en terrain connu.

Entre-temps il y a eu un petit intermède comme conseiller au cabinet de Maxime Prévot, ministre wallon en charge, notamment, de la Santé. Ce ne fut pas une expérience concluante ? Vous êtes déçu ?

Pas du tout. Ce fut une expérience extrêmement intéressante de voir l'autre versant de la politique. Moins on connaît quelque chose, plus on a des a priori. J'ai pu mieux comprendre les contraintes d'un ministre. J'ai beaucoup appris et j'ai gardé aussi beaucoup de contacts. On m'a signifié que la collaboration s'arrêtait là. C'est tout. Mais je ne suis pas parti fâché du tout. Ce fut un enrichissement. J'ai été remplacé par une infirmière. La vie des cabinets est ainsi faite...

Pas de frustration donc ?

S'il y en a une, c'est de n'avoir pas pu réellement terminer des dossiers, proposé plus de choses. J'avais un certain nombre de pistes... 8 mois dans un cabinet, ce n'est pas grand-chose.

Vous avez repostulé au GBO ?

Non. C'est le GBO qui, apprenant mon départ, m'a proposé une place à plein temps cette fois. J'enchaîne sur un point très important. On ne se rend pas compte du boulot monstrueux que font les syndicalistes avec des forces relativement minimes. La " base " pense qu'un syndicat médical c'est comme un syndicat classique de travailleurs avec ses communiquants, ses centres de recherche, ses juristes etc.! Heureusement, nous avons un Bureau extrêmement actif malgré le peu de temps que ses membres peuvent réellement consacrer à leur pratique de MG. Ils le prennent donc sur leur vie privée (NDLR : le président du GBO insiste à cet égard auprès des médecins pour qu'ils s'affilient et paient leurs cotisations auprès du syndicat de leur choix).

La "base" pense que vous êtes tous avides de pouvoir...

Absurde... Quel pouvoir d'ailleurs ? Il est très limité. En plus, le GBO n'a jamais été corporatiste et a toujours intégré une vision de santé publique. Donc, lorsqu'un président déclare quelque chose, il y a en amont un long travail de discussion aboutissant à un consensus. Aujourd'hui, on a deux vice-présidents, Lawrence Cuvelier plus au courant des affaires bruxelloises et Marcel Bauval, liégeois mais qui reste concerné au premier chef plusieurs commissions à l'Inami. Donc, il est important que le président que je suis puisse compter sur le Bureau qui se réunit toutes les semaines et le Conseil national tous les mois. L'évolution au GBO, c'est que chacun commence à se spécialiser : garde, informatique, aides à la pratique, planification de l'offre, etc. ... tout en restant impliqué dans l'analyse de l'ensemble des dossiers et thématiques. On a une dynamique extraordinaire... C'est une passion... Ça n'a rien à voir avec le pouvoir.

Qu'est-ce qui explique le départ d'Anne Gillet après " seulement " 30 mois ?

Tout d'abord, je tiens à saluer le bilan très positif de l'ex-présidente Anne Gillet et son engagement depuis plus de 20 ans au GBO et toute l'équipe du GBO... Anne a souhaité faire une pause. Son travail de MG à temps plein, plus présidente du GBO, plus son implication au Fag, et autres obligations comme tout MG, cela devenait trop lourd. En outre, une présidente qui affirme comme son organisation que les médecins doivent trouver un meilleur équilibre entre travail et vie privée et n'est plus en mesure de le faire elle-même, ce n'est pas le bon message. Anne a donc demandé de trouver pendant quelques années un autre membre pour assumer la présidence. C'est ce qui explique qu'elle n'a pas même souhaité occuper un autre poste. On le voit bien : au GBO, ce n'est pas le pouvoir qui nous intéresse.

Vous êtes président pour 3 ans ?

Je ne suis en tout cas pas président à vie comme certains potentats africains. J'occuperai ce poste le temps que le GBO estimera nécessaire. Mon objectif n'est pas de déterminer ma longévité. Si dans 2 ou 3 ans, Anne ou quelqu'un d'autre, un(e) plus jeune, veut reprendre le flambeau... ou, pourquoi pas, imaginer une alternance ? On verra bien. Il n'y a pas de plan bien défini.

POSTES MEDICAUX DE GARDE : APRES LA GIFLE Venons-en aux grands dossiers et, le premier d'entre eux, qui vous a poussé à lancer un Front nord-sud : les postes médicaux de garde (PMG). Quel est votre sentiment par rapport à la volonté du gouvernement de stopper la dynamique des PMG (en tout cas c'est la perception qu'on en avait au moment où les économies ont été décidées) ?

De fait, cela a été perçu comme une gifle. Les PMG sont un élément moteur de la médecine générale. Sous la précédente législature, on a organisé et perfectionné l'approche via les PMG pour compenser le fait que de plus en plus de MG considèrent à juste titre la garde comme un fardeau... Sans cela, de nombreux MG auraient encore anticipé leur départ à la retraite. Tout n'est pas réglé mais grâce aux PMG, certains ont bien voulu continuer voire recommencer une activité. Et tout à coup, sans concertation aucune, on nous coupe les ailes ! Gel du financement. On arrête tout malgré certains dossiers déjà déposés à l'Inami et des budgets prévus dans l'accord 2015 ! C'est difficile à avaler. La preuve que cela a été mal perçu, c'est que le Front commun a surgi presque naturellement, encore plus que par rapport au tiers-payant social obligatoire ! Nous sommes tombés d'accord rapidement sur des textes de consensus. La ministre De Block a donc rapidement compris le profond malaise de la profession. Mais ils n'avaient pas compris l'enjeu apparemment.

Vous avez rencontré la ministre?

Non, nous avons rencontré plusieurs membres de son cabinet concernés et puis ensuite nous avons eu lundi de la semaine passée une réunion à l'Inami sur invitation de chez Jo De Cock (NDLR : le patron de l'Inami) en présence de membres du cabinet de Mme De Block dont son chef de cabinet. Lorsque nous avons entendu, entre autres, que les projets en place, moyennant une " standardisation " pouvaient continuer, cela nous a rassurés. On a senti une écoute de la part des autorités qui nous permet de poursuivre le dialogue et de reprendre la concertation.

Quid de l'accord médico-mut ?

Justement : grâce à cette concertation, on peut aller le coeur un peu plus léger pour discuter du nouvel accord. On n'a pas brandi cela comme arme pour dire qu'on remettrait tout en question mais la question s'est posée. Donc, la reprise de la concertation, même si tout n'est pas résolu, loin s'en faut, est une bonne chose. Quand on voit comment certains cercles de MG avaient travaillé sur les PMG, la déception était grande. Lorsque Guy Delrée, président du Fag, a donné l'exemple de Neufchâteau et ses 3 MG restant dont deux de plus de 60 ans et sans aucun jeune médecin pour les remplacer à terme, il me semble que nos interlocuteurs ne sont pas restés insensibles à ce genre d'exemple.

La vision du gouvernement d'intégrer les PMG dans la réflexion sur les urgences et le 1733 vous agrée-t-il ?

Tout doit avancer de manière parallèle. Mais ça fait longtemps qu'on dit qu'on va actionner le 1733... Le cabinet De Block va-t-il prendre le problème à bras-le-corps ? Il donne l'impression de vouloir avancer. La note sur le 1733 et la lettre envoyée à M. Jo De Cock également à destination de la ministre De Block les a manifestement positivement impressionnés. Ils ont vu que nous avions un projet concret et des idées constructives. Est-on aujourd'hui dans un scenario pour la suppression des PMG et leur intégration dans les Urgences hospitalières ? Bien sûr que non ! On n'en est pas là, du moins on l'espère ! Maintenant, y a-t-il une volonté au sein du cabinet d'évoluer dans une direction ou l'autre, nous attendons de voir. Mais nous sommes ouverts, pour autant qu'on en discute, à toutes les propositions. Il faut souligner qu'on n'en est pas à privilégier un modèle unique. Ils ne sont pas fermés au fait qu'il y ait des organisations différentiées selon les contextes : par exemple, des accords avec les urgences à certains endroits, les PMG à des endroits plus isolés. Ils ne veulent pas nous imposer un modèle unique apparemment. Or, on avait un peu ce sentiment.

C'est légitime, non, de vouloir mettre un peu d'ordre ?

Bien sûr, l'harmonisation et la standardisation, on l'appelle de nos voeux. On n'est pas contre cela.

Donc, vous êtes ouverts à des formules variables : un PMG loin de l'hôpital dans certains cas, un PMG devant les urgences sur un territoire plus urbanisé par exemple...

On peut discuter de toutes les formules. Maintenant, sur des questions sur les moyens de savoir s'il faut, par exemple, 1 ou 2 chauffeurs, ce sont des questions techniques à discuter. La standardisation des coûts, nous disons attention : on peut parfois faire dire aux chiffres ce que l'on veut en fonction de ce que l'on souhaite prouver. Les autorités ont compris que nous avions nous aussi analysé les chiffres et elles n'ont pas dit que nous avions tort. Mais nous insistons pour qu'on ne se braque pas uniquement sur les coûts. Il faut analyser les choses dans une perspective de santé publique et d'organisation des soins de qualité La décision de stopper toute nouvelle initiative vient sans doute aussi de la pression sur les économies à faire dans tous les secteurs y compris celui de la santé. Il faut quand même rappeler que le dégel (conditionnel) de 4,95 millions concerne ce qui était déjà prévu dans l'accord 2015 et que le gel des 10 millions prévus à partir de 2016 reste bel et bien acté.

Un généraliste a calculé que les urgences coûtent dix fois plus cher. Plusieurs urgentistes ont réagi avec ironie : si c'est le cas, on signe tout de suite...

Sur les coûts, en santé publique, il y a des formules qui parfois semblent coûter plus cher. Puis on s'aperçoit que c'est l'inverse. Aujourd'hui, on nous dit : " Un patient qui vient aux urgences coûte autant et un patient au PMG, cela coûte autant. " Mais on analyse quoi au juste ? Aux urgences, est-ce le coût horaire du médecin et l'économie d'échelles en coût logistique qui peut se faire au poste d'urgence ? Dans un PMG, on calcule le coût logistique à + /- 32 euros. Mais prend-on en compte les coûts évités par le PMG, les coûts induits par les Urgences ? Quand on étudie les coûts, il faut tout prendre en compte avec des études scientifiques plutôt que d'asséner " les urgences coûtent moins cher ! "...

La question n'est-elle pas : quel service on veut rendre à la population ?

Exactement. Ce n'est pas une lutte entre la médecine généraliste et la médecine spécialisée. Il faut se mettre autour de la table pour viser l'efficience. Dans efficience, il y a coût et efficacité et dans efficacité, il y a qualité. Bien sûr qu'il faut discuter avec les urgentistes. On n'a pas attendu Maggie De Block pour le faire. Mais lundi dernier (NDLR : le 16/11), lors de notre rencontre avec Jo De Cock, on ne les a pas encore vus. Plus on discutera, plus on a de chances de trouver les options les plus adéquates...C'est manifestement cette direction que veut prendre le Cabinet et c'est une très bonne chose. Nous n'avons pas attendu cette réunion pour prendre langue avec des services d'urgence et de pour signer des conventions mais le faire à présent de manière plus systématique et partout est une très bonne chose.

Ce n'est donc pas les PMG versus les urgences...

Evidemment non. Le politique a pour rôle de réunir les acteurs autour de la table et de prendre des décisions après concertation. Pas d'imposer une vision qui ne corresponde en rien aux attentes et besoins du terrain et de la population. Son rôle est aussi, par exemple, dès maintenant, de voir comment avancer très rapidement avec le ministère de l'Intérieur pour le numéro d'appel unique 1733. Les deux pans doivent être impliqués dans la réflexion. Au moment où on se rend compte qu'il y a des pénuries en MG, ce ne serait pas acceptable de faire autrement.

" LA PENURIE DE MG EST BIEN LA, C'EST UN FAIT " Je prends la balle au bond : le GBO a-t-il la conviction qu'on va vers une pénurie généralisée ?

Les chiffres sont là. C'est une évidence. Et ce que l'on ne comprend pas c'est pourquoi certains refusent de relayer cette évidence. Donc, comment sortir de là ? Encore une fois, il y a des acteurs et des pouvoirs très différents autour de la table : la fixation des quotas reste de compétence fédérale, la formation des étudiants et la fixation des " sous-quotas " sont une compétence communautaire et concrètement le respect des sous-quotas se font ou plutôt devraient (!) se faire au niveau des facultés. Nous ne sommes toujours pas arrivés à respecter ces sous-quotas dans nos facultés. Donc, tout cela doit fonctionner de concert. On ne peut pas avoir une approche fédérale d'un côté et une approche communautaire de l'autre. Car la MG restera déficitaire si on n'agit pas à la fois au niveau des quotas et des sous-quotas. Quelle politique par quel niveau de pouvoir pour rendre la MG plus attractive ? On ne peut pas se réfugier derrière le " ce n'est pas de notre compétence ". Les Régions ont une responsabilité pour contribuer avec leurs moyens à rendre la MG plus attractive. Prenons ne fût-ce que l'Impulseo... Il faut avancer plus vite. En-dehors de la prime d'installation, est-on prêt, par exemple, à lancer l'Assisteo (NDLR : aide infirmière à l'activité du MG) ? On a l'argent pour le faire, donc avançons. Nous avons des propositions. comment encourager la généralisation de la pratique de groupe avec de vrais incitants ?, etc.

Votre expérience au cabinet Prévot devrait vous aider à être moins impatient...

En effet, je sais que l'assurance autonomie et la mise en place de l'OIP font partie de leurs priorités et je comprends cela. Ils manquent certainement de temps pour d'autres dossiers. Mais, désolé, un ministre régional de la Santé, doit aussi prendre en compte ce qui peut aider à mieux organiser la première ligne et la MG, à laquelle on veut donner une place centrale comme cela a est écrit dans la Déclaration de politique régionale. On n'a jamais autant écrit à tous les niveaux sur l'importance de la MG mais que fait-on concrètement depuis qu'on a écrit cela ? Le GBO voudrait que cela se traduise plus vite en actions concrètes. Il y a urgence pour l'attractivité en MG. Tous les niveaux ont leur rôle à jouer .

QUELLE REPRESENTATIVITE DANS LA FUTURE OIP WALLONNE ? Dans l'OIP (la future agence wallonne de la Santé), les médecins sont-ils suffisamment représentés justement ?

Je crains bien que non au vu de ce qui est présenté jusqu'ici. Mais nous n'avons pas encore de précisions sur le nombre exact de sièges qu'ils pourront occuper.

Le modèle Inami, mis en place il y a des décennies a des défauts mais on sait comment cela fonctionne. Les Régions ont-elles le droit pour leurs futures compétences et celles qui s'ajouteront dans les années qui viennent, d'imaginer un autre système plus efficace ? Certains expliquent que les médecins sont quasi persona non grata dans cette OIP...

Je n'irais certainement pas jusque-là. C'est excessif. Il est prévu une représentativité des médecins. Nous serons présents. Mais le tout est de savoir comment. Or c'est plus compliqué que la médico-mut ! A la Région, c'est la première ligne d'un côté (avec les dentistes, infirmiers, kinés, pharmaciens, etc.), les organismes assureurs (OA) de l'autre. Et donc, on craint d'être sous-représentés. Combien aura-t-on de sièges ? On a eu deux réunions avec la Région wallonne, Absym et GBO (pas l'AADM bien sûr qui n'est pas concerné). Et nous ne sommes pas du tout apaisés car on va être noyés dans une série de prestataires de soins et mêlés aux services, par exemple, de soins à domicile. On avait proposé trois bancs : les OA, les métiers de première ligne et les services d'aide et soins à domicile. Or on aura finalement deux bancs ! Les OA sont donc selon nous, présents deux fois.

Revenons à la pénurie : le GBO a toujours été favorable à une commission de planification. La question est de savoir s'il y a suffisamment de numéros Inami " mis en circulation " pour que la MG assume son rôle...

Le problème est que, jusqu'ici, on a beaucoup parlé de planification mais sans parler des besoins ! De combien de MG ETP (équivalents temps plein, je souligne) a-t-on besoin pour que la MG soit disponible pour le citoyen ? C'est ça la question. Ensuite, il faut intégrer le nombre de médecins européens qui pourront travailler en Belgique s'ils le souhaitent. On pense aux Roumains et aux Français par exemple. Ils auront d'office droit à un numéro Inami. Cela enlèvera la possibilité à un certain nombre de Belges d'en obtenir un. Il faut donc intégrer tous les paramètres dans les besoins théoriques. Pensons aux médecins qui ne resteront pas dans la profession. Le nombre de jeunes MG qui quittent la MG après 5 ans est impressionnant. Le calcul est complexe même si des formules mathématiques existent déjà. Et il faut un accord entre les communautés. Le cadastre dynamique est une belle avancée. Le reste (le pugilat entre ministres, l'un promettant un examen en fin de première année en échange d'un cadastre dynamique) est insupportable et inacceptable ne fût-ce que pour futurs étudiants en médecine et leurs parents. Comment voulez-vous attirer des jeunes vers les études de médecine dans une incertitude pareille ? Nous allons également rencontrer les doyens et le Ministre Rudy Demotte (NDLR : ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a des compétences en santé) pour la répartition des sous- quotas selon la clé 57/43.

LE GBO FAVORABLE A UN EXAMEN D'ENTREE Le GBO se positionne-t-il sur le système mis en place par le ministre Marcourt à l'issue du 1er BAC ? Il comporte le risque pour un étudiant d'avoir la moyenne mais de n'être pas repris dans le quota...

Le GBO est favorable à un examen d'entrée " à la flamande ". Même si au Nord on reconnaît que le système n'est pas parfait, il semble donner satisfaction à la fois aux étudiants et leurs parents et aux autorités académiques et publiques. Pourquoi ne pas nous en inspirer ? Un examen est préférable à un concours qui limite les admissions même si on a réussi. Les contenus devraient porter bien sûr sur les matières scientifiques " classiques " (physique, chimie, biologie,...) mais aussi sur des matières relevant plus des sciences humaines et des compétences relationnelles. Le GBO n'est pas du tout favorable à ce qui est proposé aujourd'hui par le ministre Marcourt en fin de 1ère année. Si on avait opté plutôt pour un examen d'entrée, on aurait pu prévoir une année préparatoire pour donner à tout étudiant sortant du secondaire les mêmes chances.

Au niveau du TPS obligatoire, il n'y a pas eu moyen d'avoir un Front commun. Du côté de l'Absym on sent une opposition de principe à un système qui donne trop de pouvoir aux mutuelles et écorne la liberté du médecin. De votre côté, vous estimez que le MG est plus à même de juger de la désespérance sociale qu'un système ex cathedra.

De fait, on est plus nuancé. Ce que l'on dit ? On n'a pas attendu l'obligation de TP social pour le pratiquer lorsque nos patients en avaient besoin. Un de ceux qui sont montés aux barricades avec le plus de conviction est quelqu'un qui justement le pratique déjà pour une énorme quantité de ses patients, vu les besoins de sa population particulièrement défavorisée (NDLR : le MG hennuyer David Simon). Ces médecins sont fâchés de cette obligation dans une région où la nécessité sociale l'impose de toute manière. Le GBO a toujours été favorable à un accès à la 1ère ligne d'office par le TP. Mais tout le monde sait que d'un point de vue financier, il y a de nombreux non-Bim qui en auraient besoin et des BIM qui n'en ont pas vraiment besoin et qui demandent à leur médecin de ne pas le pratiquer, ce qui est désormais interdit ! On trouve cela dénué de sens.

S'ajoute l'informatisation quasi obligatoire dans deux ans... les plus âgés risquent de perdre la patientèle Bim...

On a demandé à la Ministre de la marge au niveau du passage obligatoire au DMI et nous l'avons obtenue. L'idée est de laisser un délai de 5 ans aux médecins pour s'informatiser. Ainsi, ceux qui ont aujourd'hui 60 ans pourront finir tranquillement leur carrière sur papier. Dans la Roadmap eHealth, l'informatisation est passée à 2020 comme date fatidique. Si, par contre, le médecin a 55 ans, il devra s'y mettre. Il faut être réaliste. Hélas, le processus de la Roadmap se fait de nouveau à marche forcée. On essaye de faire comprendre au cabinet De Block qu'ils n'atteindront pas leurs objectifs sans nous. On a vu les résultats avec les logiciels qui n'étaient pas prêts. Mais quoi qu'il en soit, les médecins doivent comprendre que ce n'est pas à l'Inami de changer la loi. Le TPO est inscrit dans une loi. Il appartient au Parlement de la changer. Donc, pour résumer : Le GBO veut lever les freins à l'accessibilité de la MG mais pas à la hussarde.

Précisément, face à la révolution informatique aussi énorme qu'inévitable, le GBO a publié un communiqué virulent contre la manière dont la plateforme eHealth gère les discussions autour de la Roadmap et aussi le calendrier... Un commentaire ?

Je dis simplement que nous n'avons pas le temps, avec les documents disponibles (souvent en néerlandais, d'ailleurs, malgré les promesses), de nous préparer à ces réunions. Nous ne pouvons pas passer deux jours pour analyser 300 pages de documents qui nous sont fournis. Les MG étant parmi les premiers utilisateurs du système, ce serait contre-productif de ne pas nous intégrer intelligemment dans le processus ! Mais il y a un malentendu : certains prétendent qu'on veut freiner le processus par principe. Ce n'est pas vrai. On n'est pas assez bêtes pour croire qu'on va continuer à travailler éternellement sur des dossiers en papier ! On est demandeur d'outils de stockage et d'échanges de données à tout point de vue mais à condition que cela nous soulage la charge administrative, nous aide à améliorer la qualité de notre travail et nous facilité la vie. Mais avec nous et pas sans nous.

ACCORD MEDICO-MUT : CONFIANCE RESTAUREE ? L'accord médico-mut est prévu pour deux ans... Ça arrange la ministre... Mais il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent...

En dehors de ce qui est déjà attribué, la ministre met sur la table un budget de 25 millions mais on ne s'est pas encore penché dessus. Le GBO souhaite qu'un maximum aille à la MG bien sûr car ce qui est prévu dans son budget pour la MG est pour le moins insignifiant . Mais on reste inquiets ! Le gel des PMG a pris tout l'espace mais c'est l'arbre qui cache la forêt. Des pistes sont sur la table. Il faut en discuter sérieusement. On était à deux doigts de dire : on ne part pas en négociation pour la signature d'un accord. Aujourd'hui (NDLR : le 20 novembre) il y a des bases pour discuter puisque la ministre a infléchi sa position sur les PMG.

Avez-vous le sentiment qu'on vous laisse des miettes pour la concertation et que tout est décidé en amont en haut lieu ?

Ce que je peux dire en tous cas est qu'avec nous il n'y a pas eu de concertation. Le style de gouvernance semble avoir évolué vers plus de propositions émanant directement des autorités et moins de concertation préalable. Or la tradition en Belgique, c'est justement la concertation qui est un des points forts de notre système même s'il a des limites et que des réformes sont nécessaires. Espérons que la première expérience du budget imposé sans concertation ne se répète pas.

REFONTE DE L'ACCREDITATION Le GBO n'a jamais été très chaud par rapport à l'accréditation. Votre ancien président, Philippe Vandermeeren, n'était même pas accrédité... Pourquoi cette position ? Parce que le système marche tout seul ?

Par le passé, le GBO s'est opposé à l'accréditation car c'était une manière, à l'époque, pour l'Absym de refuser l'inscription chez le MG et le DMG. Aujourd'hui, le syndicat est convaincu de la nécessité de la formation continuée qui devrait être organisée par les universités, les sociétés scientifiques et les organisations professionnelles, du moins dans les domaines qui leur sont propres. Les innovations stratégiques devraient être débattues dans des commissions mixtes, chercheurs/cliniciens. Ce groupe de cliniciens-chercheurs devrait s'étendre pour créer une dynamique professionnelle d'avenir. L'accréditation devrait être organisée de telle sorte qu'au bout d'un cycle de 3 ans, chaque médecin ait revisité l'ensemble des problématiques de santé qui concerne la MG. Actuellement, chacun fait un peu ce qu'il veut, ce qui ne garantit pas l'objectif de couvrir l'essentiel.

J'estime qu'il faut redynamiser le Conseil technique de l'accréditation (CTA) pour poursuivre les réflexions sur l'amélioration de l'outil pour atteindre les objectifs, c'est l'amélioration de la qualité. L'évaluation par l'Inami de l'impact de la formation continue sur les changements de comportements par exemple au niveau des prescriptions indique que c'est insuffisant. Il faudrait modifier la répartition des unités de formation actuellement uniquement définies sur base de 20 crédits points (CP) dont 3 en éthique et économie. Il faut mieux définir les 20 CP pour couvrir tous les besoins y compris par exemple des unités pour se former en utilisation des outils informatiques. Concernant les Glems, le GBO est favorable à plus de formation et soutien des animateurs telle que cela se passe déjà via la SSMG qui reçoit un financement de l'Inami pour assurer ces formations d'animateurs. Et il n'est pas interdit de rêver à un financement publique de la formation des MG. Il faut continuer à réfléchir sur des formations qui assurent le paquet minimum de mises à jour des savoirs (formation continue) et des formations qui les consolident en augmentant le savoir-faire surtout via les Glems.


MIX FORFAIT ET A L'ACTE Dans le débat à l'acte au forfait, vous en restez au mix ? L'acte intellectuel est-il suffisant en MG ?

Non, l'acte intellectuel n'est certainement pas encore suffisamment honoré, comme, par exemple, pour des consultations chronophages de problèmes complexes. Il faut continuer à réfléchir sur comment mieux financer la MG en général, actes et forfait compris. Comment mieux financer la charge administrative, les données partagées. C'est à cela qu'il faut réfléchir plutôt que revaloriser uniquement l'acte proprement dit sauf pour des consultations qui demandent plus de temps. On n'est plus braqué uniquement sur la nomenclature comme dans les années 80. Nous devons poursuivre les réflexions dans la voie des financements mixtes et surtout dans le financement de ce qui peut rendre le métier de plus en plus attractif . La question est la suivante : avec tout ce qui est déjà prévu (actes intellectuels et autres financements alternatifs obtenus de haute lutte), la capacité de gagner sa vie en pratiquant la MG est-elle suffisamment attractive par rapport à certaines autres spécialités, je dis bien certaines, pas toutes ?

Vous seriez favorables à fusionner certains forfaits ?

Dans l'histoire de la MG, il a fallu un certain moment discuter de revalorisation. Il n'était pas possible d'augmenter les honoraires des médecins car on faisait des économies partout ailleurs ! Donc c'est via les forfaits qu'on est y arrivé. En revanche, certaines spécialités gagnent beaucoup plus que nous. Le système finance beaucoup plus l'acte technique versus l'acte intellectuel. C'est pourquoi certaines spécialités avec moins de prestations techniques quittent l'hôpital car ce n'est plus rentable. C'est même un des problèmes dans le financement hospitalier. Mais en même temps, on ne peut pas recevoir une prime télématique sans justifier qu'on l'utilise ! L'honoraire, c'est autre chose. C'est aussi de l'argent public mais on a fait une consultation. C'est un fait. Et l'honoraire de consultation, pour le coup, s'il rémunère une longue consultation pour une maladie très complexe (3/4 d'heure), il n'est pas suffisant. Certes, des médecins se sont libérés de cette logique via les forfaits des maisons médicales (MM)...

Les jeunes MG sont attirés par les MM...

Oui, sûrement mais le nombre des MM, même s'il augmente régulièrement n'explose pas non plus . Ce qui est certain c'est que les jeunes veulent désormais résolument travailler en groupe et c'est une excellente évolution. Le choix pour travailler sous le même toit en équipe pluridisciplinaire ou non, au forfait ou non, n'est pas encore le choix majoritaire. Mais les choses pourraient changer dans les décennies à venir si la formation de base intégrait bien plus l'approche interdisciplinaire. En attendant, le plus important est que les formules que nous pourrons proposer aux jeunes répondent au mieux à leurs attentes. Beaucoup de MG veulent garder cette logique de l'acte. Ça les met dans une situation de liberté plus grande. En médecine au forfait, on pense parfois, à tort, qu'on va perdre toute liberté. Le forfait ne peut pas tout résoudre et a aussi ses limites, c'est clair. Il n'y a pas de modèle unique. Ce qui compte c'est que les pouvoirs publics soient à l'écoute des propositions de modèles, facilitent et soutiennent leurs implantations et que les autorités académiques adaptent leur contenus de formation pour mieux répondre aux besoins des pratiques de demain qui de toutes façons continueront d'évoluer.

Faites un essai gratuit!Devenez un partenaire premium gratuit pendant un mois
et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
  • checknewsletter hebdomadaire avec des nouvelles de votre secteur
  • checkl'accès numérique à 35 revues spécialisées et à des aperçus du secteur financier
  • checkVos messages sur une sélection de sites web spécialisés
  • checkune visibilité maximale pour votre entreprise
Vous êtes déjà abonné? 
S'inscrire gratuitement

Déjà enregistré ou abonné?

Inscrivez-vous à notre newsletter et conservez la possibilité de vous désinscrire à tout moment. Nous garantissons la confidentialité et utilisons vos données uniquement à des fins de newsletter.
Écrit par Nicolas de Pape
Magazine imprimé

Édition Récente

Lire la suite

Découvrez la dernière édition de notre magazine, qui regorge d'articles inspirants, d'analyses approfondies et de visuels époustouflants. Laissez-vous entraîner dans un voyage à travers les sujets les plus brûlants et les histoires que vous ne voudrez pas manquer.

Dans ce magazine