Des lacunes dans la coordination des soins aux malades chroniques
18 juin 2025 - Les patients belges atteints de maladies chroniques se disent globalement satisfaits des soins de première ligne, mais pointent des lacunes en matière de coordination et de collaboration multidisciplinaire, ressort-il de l'enquête internationale PaRIS (Patient-Reported Indicator Surveys) menée par l'OCDE, et relayée par Sciensano, l'Inami et le SPF Santé publique.
Entre mars 2023 et janvier 2024, 4.687 patients et 59 cabinets de médecins généralistes ont été sondés en Belgique dans le cadre de cette étude, qui cible spécifiquement les personnes souffrant d'au moins une affection chronique. L’initiative PaRIS (Patient-Reported Indicator Surveys) de l’OCDE est, à ce jour, la plus grande enquête internationale organisée auprès de patients, qui examine la qualité des soins primaires du point de vue, justement, du patient.
La participation de notre pays à cette enquête s'explique par l'augmentation significative des maladies chroniques au cours des 20 dernières années. "Pour ces patients, des soins intégrés sont d'une importance cruciale", souligne Pedro Facon, Administrateur général adjoint de l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami).
Selon l'enquête, notre pays figure parmi les mieux notés en matière de satisfaction pour les soins reçus.
« D’une part, nous avons étudié l’expérience des patients en matière de soins de santé (les ‘Patient-Reported Experience Measures’ ou ‘PREMs’) : temps d’attente, communication avec le personnel, participation du patient à la prise de décision, etc. D’autre part, nous avons vérifié comment ils percevaient leur état de santé (‘Patient-Reported Outcome Measures’ ou ‘PROMs’) : symptômes, capacités fonctionnelles, auto-efficacité, etc. », explique Dagmar Annaert, chercheuse chez Sciensano.
La Belgique obtient "un score aussi bon, voire supérieur à la moyenne de l'OCDE", précise-t-elle. Ainsi 95,4% des patients interrogés estiment recevoir des soins de qualité (contre 87% pour la moyenne OCDE), 92,7% jugent leurs soins personnalisés (85% au niveau OCDE), et 69,5% considèrent le système de santé comme fiable (62% pour l'OCDE).
Peut mieux faire
Des marges de progression existent toutefois, notamment dans la collaboration multidisciplinaire. Actuellement, seuls 46% des cabinets médicaux participants déclarent impliquer du personnel non médical, un pourcentage nettement inférieur à la moyenne OCDE (83%). "Les généralistes pourraient consacrer davantage de temps pour des soins médicaux efficaces s'ils étaient davantage soutenus par du personnel infirmier et administratif", explique Dagmar Annaert.
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Les connaissances (numériques) en matière de santé constituent également un autre défi: si 63,1% des patients se sentent confiants dans la gestion de leur santé, ce taux diminue avec le nombre d'affections chroniques. Par ailleurs, à peine 8% des patients chroniques se disent à l'aise avec les informations de santé en ligne, telles que le suivi des résultats de laboratoire, la prise de rendez-vous ou la gestion des prescriptions.
Enfin, en matière de coordination des soins, seuls 67,7% des patients estiment qu'il existe une bonne collaboration entre prestataires. Du côté des médecins généralistes, 47,5% des cabinets se disent bien préparés à assurer une coordination effective. "Souvent, les patients ne sont pas correctement orientés vers les soins nécessaires et doivent répéter plusieurs fois les mêmes informations. Un système de soins mieux intégré pourrait remédier à cette situation", conclut Dagmar Annaert.
Dans le sillage de cette enquête, Sciensano, l'Inami et le SPF Santé publique organisent ce 18 juin une journée d'étude afin "d'évaluer la situation actuelle et de définir les prochaines étapes à suivre". Tous les acteurs concernés (patients, professionnels de santé, décideurs politiques et chercheurs) y sont conviés.
