Grève des médecins : les médecins-chefs soutiennent mais proposent des alternatives
L’Association francophone des médecins chefs (AFMC) exprime son soutien aux actions prévues le 7 juillet pour dénoncer la réforme. Elle alerte sur les conséquences graves de la limitation des suppléments d’honoraires et de la suppression du déconventionnement partiel, qui fragiliseraient durablement les hôpitaux. Préférant une action symbolique à une grève, l’AFMC appelle à une reprise du dialogue pour éviter une rupture préjudiciable aux patients.

Ce 7 juillet, différentes actions, dont une grève de certains médecins, seront menées par les médecins contre les mesures inscrites dans l’avant-projet de la loi-cadre du ministre fédéral de la Santé.
L'AFMC, Association francophone des médecins chefs, se dit, ce lundi après-midi, solidaire de ces actions pour de multiples raisons. « L'attitude du ministre est, depuis le début de cette législature, agressive vis-à-vis du corps médical, la façon de mettre en avant sa proposition d’avant-projet de loi est un exemple d'une forme de brutalité dans les échanges, qui remplace la concertation autrefois de mise. »

« Les suppléments d'honoraires restent nécessaires »
Un des éléments les plus médiatisés du projet de réforme du ministre Vandenbroucke vise la limitation des suppléments d'honoraires. L'AFMC insiste sur le fait que la mesure ne touchera pas uniquement les médecins mais également les hôpitaux. « Ces suppléments à l'hôpital sont utilisés afin de compenser le sous-financement structurel de nombreuses activités (notamment pour l’innovation), pour lesquelles une réforme est en cours actuellement. Si de réels mécanismes de compensation ne sont pas mis en place, limiter ces suppléments mettra en péril l'activité hospitalière et l'équilibre financier de nombreuses institutions hospitalières. Les suppléments d’honoraires demandés par certains médecins, et sous certaines conditions, restent actuellement nécessaires pour assurer la viabilité du système actuel. Ils permettent de compenser certains remboursements insuffisants en faisant porter l’impact essentiellement sur des patients qui en ont les moyens ou sur leur assurance privée non financée par nos structures étatiques. »
En outre, contrairement à des idées de certains courants politiques dont celui du Ministre Vandenbroucke, il est totalement erroné de croire que les médecins sont surpayés. Au-delà d’études longues, il y a une responsabilité importante engagée. La notion de continuité des soins implique pour chaque médecin de participer à un rôle de garde et de ne pas compter ses heures de travail, avec multitude de risques personnels, en particulier médico-légaux.
L'importance du déconventionnement partiel
Un autre aspect de la réforme envisagée qui inquiète fortement l'AFMC concerne la suppression du déconventionnement partiel. « Celui-ci permet aux hôpitaux de conserver, au sein de ses équipes, de nombreux spécialistes. Dans le cas contraire, ceux-ci pourraient se replier soit vers une pratique exclusivement privée (extrahospitalière) soit quitter la Belgique pour aller travailler dans des conditions plus favorables à l'étranger. En tant que responsable de la continuité des soins, nous ne pouvons rester indifférents à cet aspect. »
« Notre préoccupation première, en tant que médecins-chefs, restera toujours les patients. »
Par ce courrier, les médecins-chefs veulent tirer la sonnette d'alarme sur la mise en danger des hôpitaux que serait la conséquence directe de ces mesures et dont, in fine, les patients et toute la population seraient les victimes.
Une « action symbolique de sensibilisation » plutôt qu'une grève
Concernant l’action à mener le 7 juillet, compte tenu de l'impact potentiel sur leurs patients, qui parfois ont dû attendre de longs délais pour être pris en charge, les médecins-chefs proposent plutôt une action symbolique et de sensibilisation de la population. « Chaque médecin est bien évidemment libre d'agir sous la forme qu'il considère la plus utile, notamment celle d’une grève. Il faut maintenir un dialogue entre les autorités publiques et les représentants des médecins afin d’éviter toute rupture qui indirectement se retournerait contre les patients via un système de déconventionnement massif ou par un passage à une médecine à deux vitesses. »