Le protoxyde d’azote, « bombe sanitaire » sous surveillance
Alors que les cas graves d’intoxication au protoxyde d’azote se multiplient, les médecins tirent la sonnette d’alarme. La question a été portée en commission Santé wallonne.
« Le protoxyde d’azote est un réel danger pour la santé des jeunes et un fléau pour l’environnement dans nos communes », estime la députée Caroline Taquin (MR). Évoquant une problématique « croissante », elle rappelle que malgré l’interdiction de l’usage récréatif de la substance depuis mars 2024, « le problème de l’attrait pour ce produit n’a pu être enrayé, particulièrement chez les jeunes ».
Sur le terrain, les témoignages s’accumulent. L’élue pointe notamment « les nuisances causées par les dépôts sauvages de bonbonnes ainsi que les effets néfastes, surtout sur la santé des consommateurs ». Elle interpelle également le ministre sur les stratégies interrégionales : « Quelles stratégies de coopération avec les autres Régions, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le niveau fédéral sont envisagées pour harmoniser tant la sensibilisation que la lutte contre ce phénomène à l’échelle nationale ? »
Même ton préoccupé chez Sabine Roberty (PS), qui relaye l’inquiétude croissante des médecins : « Les médecins s’inquiètent et ils sont confrontés à une recrudescence d’hospitalisations sévères. Ce produit euphorisant, banalisé sous le nom de ‘proto’, constitue une véritable bombe sanitaire particulièrement préoccupante chez les jeunes. » Elle liste les effets délétères. « On parle par exemple de lésions neurologiques irréversibles, de troubles sensoriels, voire de cas de tétraplégie. […] Quelles actions concrètes entendez-vous mettre en œuvre pour prévenir et limiter les effets dramatiques de cette consommation ? Existe-t-il aujourd’hui des outils, un support de prévention, d’information, de sensibilisation dans les écoles, dans les clubs sportifs, dans les milieux festifs ? »
Une réponse centrée sur la prévention ciblée
Yves Coppieters, ministre wallon de la Santé, confirme que la Wallonie agit via les opérateurs agréés dans le cadre du Plan wallon de prévention et promotion de la santé. « Des opérateurs agréés en promotion de la santé et prévention […] se penchent déjà sur la problématique et proposent ainsi certaines actions. C’est le cas de l’ASBL Prospective Jeunesse, Modus Vivendi, ainsi que Infor Drogues & Addictions. »
Il cite notamment l’outil de réduction des risques développé par Infor Drogues, « qui peut être utilisé par des professionnels ou des proches. Il ne vise pas à lutter contre son utilisation, mais à éviter les risques liés à son utilisation. » Il précise également que Eurotox assure un suivi épidémiologique des consommations.
Sur la stratégie de sensibilisation, le ministre assume une approche ciblée et non généralisée. « Lorsqu’on mène des campagnes générales, on ne touche que celles et ceux qui sont capables de recevoir les messages et, malheureusement, on ne touche généralement pas des catégories sociales particulièrement à risque. […] Il est dès lors plus efficace de mener des actions ciblées vers des publics plus à risque d’en consommer – les jeunes et les adolescents – que des campagnes généralistes. »