Eaux de distribution ou en bouteille : "potables mais restons vigilants", dit Testachats
L'association de consommateurs Testachats publie jeudi les résultats de prélèvements d'eau du robinet et de l'analyse de 30 eaux en bouteille au regard de la présence éventuelle de contaminants tels que les PFAS, les pesticides et certains de leurs métabolites.
L'analyse de l'eau de distribution de 20 foyers répartis sur toute la Belgique révèle "une potabilité globale", selon Testachats, mais mettent en évidence la présence de résidus de pesticides dans certaines communes, insiste l'organisation. Et de citer en exemple des traces d'atrazine (dans une concentration néanmoins bien en dessous de la limite légale), un herbicide interdit en Europe depuis 2004, dans un échantillon prélevé à Liège.
Pour ce qui est des PFAS, les résultats sont rassurants, selon l'analyse de Testachats: aucune substance détectée ou des traces infimes, toutes bien inférieures au seuil européen pour les 20 PFAS spécifiques (100 ng/l) et même au niveau du seuil de vigilance wallon plus strict de 30 ng/l pour ces mêmes 20 PFAS.
Le TFA présent dans 95 % des échantillons d'eau de distribution
Une exception est à noter pourtant puisque le TFA (acide trifluoroacétique), pas classé comme PFAS à surveiller, a été détecté dans 19 des 20 échantillons. Si le TFA était inclus dans le calcul total des PFAS, 16 des 20 communes testées dépasseraient la norme européenne du total des PFAS dans l'eau potable de 500 ng/l, précise l'organisation.
Concernant l'eau en bouteille plate (minérales naturelles et de source), l'analyse montre que la qualité générale est bonne. Mais elle révèle cependant une présence très limitée de métabolites des pesticides, avec uniquement un métabolite (desphenylchloridazon) détecté dans quatre échantillons, à des concentrations proches mais inférieures aux normes européennes.
Peu de PFAS dans l'eau en bouteille, mais beaucoup de TFA
Pour les PFAS, les résultats sont globalement rassurants : aucun des 44 composés testés n'a été trouvé, à l'exception d'une trace minime d'un PFAS (PFBA) dans un seul échantillon. Le TFA a été détecté dans 18 échantillons, avec une concentration dépassant la future limite européenne du total des PFAS dans un cas.
Testachats estime que certaines marques d'eau plate en bouteille nécessitent une surveillance spécifique car on y a détecté des traces de contaminations par des pesticides ou des PFAS (trace minimale) ou encore par TFA.
« L’eau du robinet est potable, mais pas exempte de résidus indésirables », résume Jean-Philippe Ducart porte-parole de Testachats. « Nous retrouvons des métabolites de pesticides, du TFA, et certaines traces de PFAS. Ces polluants dits “éternels” s’accumulent dans l’environnement et dans nos organismes. Même à faible dose, ils soulèvent des questions d’exposition chronique à long terme, notamment pour les personnes vulnérables comme les femmes enceintes et les nourrissons » ajoute-t-il.
L'association plaide pour interdire progressivement la production et l'usage de ces composés et demande une amélioration de la surveillance de ces substances dans l'eau, dans les sols et aussi dans les aliments.
Quelle eau privilégier ?
Si les deux types d’eau contiennent parfois des contaminants, ils restent globalement dans les limites autorisées. Mais l’eau du robinet reste la plus écologique et économique. Elle coûte jusqu’à 200 fois moins cher que l’eau en bouteille. Par exemple, à Bruxelles, le litre d’eau du robinet coûte aux environs de 0,005 €, contre 1 € pour une bouteille d’eau minérale – soit un rapport de 1 à 200. L’impact environnemental est également sans appel : transport, emballage et recyclage des bouteilles entraînent une empreinte carbone bien plus élevée que celle de l’eau du robinet.
Néanmoins, à côté des préférences individuelles telles que le goût, les besoins spécifiques de certains publics justifient parfois un recours à l’eau en bouteille : par exemple, les bébés et les femmes enceintes sont susceptibles d’être plus vulnérables à certaines substances présentes dans l’eau du robinet, comme les chlorates et perchlorates, même si elles sont présentes à des seuils qui respectent les normes actuelles. Par principe de précaution, l’utilisation d’eau en bouteille, à la composition plus stable, est donc recommandée pour les femmes enceintes et les bébés.