Vers l’élimination de l’hépatite B et C en Belgique ?

À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, Sciensano met en lumière les progrès réalisés par la Belgique dans l’élimination des hépatites virales. 

Les hépatites B et C sont des infections virales du foie pouvant évoluer vers des maladies chroniques, une cirrhose ou un cancer du foie. Souvent asymptomatiques, elles peuvent être facilement détectées. Il existe un traitement pour l’hépatite C et un vaccin très efficace contre l’hépatite B, intégré depuis 1999 au programme de vaccination des nourrissons en Belgique.

En Belgique, le nombre de cas d’hépatite C diminue depuis l’introduction des traitements antiviraux à action directe. Le nombre de cas d’hépatite B reste fluctuant malgré une couverture vaccinale élevée. En 2015, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une stratégie mondiale visant l’élimination des hépatites virales comme menace pour la santé publique d’ici 2030.

Hépatite C : baisse du nombre de cas, mais des efforts encore nécessaires

En 2022, on a recensé un peu moins de 700 nouveaux cas d’hépatite C en Belgique, soit environ 6 nouveaux cas pour 100 000 habitants, atteignant ainsi l’objectif fixé par l’OMS. Ce chiffre est en baisse depuis 2019, année où le remboursement des traitements actuels a été étendu à toutes les personnes infectées. Les hommes sont plus touchés que les femmes (60 %) et l’âge moyen au diagnostic est de 50 ans.

Dans les pays européens, les usagers de drogues par injection sont les plus exposés, l’hépatite C se transmettant principalement par le sang. D’autres groupes à risque sont les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes incarcérées, les migrants issus de pays à forte prévalence et les personnes sans abri.

Le dépistage s’intensifie : en 2023, près de 800 000 tests de dépistage ont été remboursés, soit 5 % de plus que l’année précédente. Néanmoins, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les populations les plus vulnérables et combattre la stigmatisation autour de l’hépatite C.

Hépatite B : un nombre de cas trop élevé malgré une vaccination efficace

Le nombre de cas d’hépatite B ne diminue pas et reste au-dessus des objectifs de l’OMS. En 2022, on estime à 1 915 le nombre de nouveaux cas, soit 16,5 pour 100 000 habitants. L’âge moyen au diagnostic est de 46 ans et les hommes sont légèrement plus touchés que les femmes (56 %).

En Belgique, l’hépatite B se transmet principalement par voie sexuelle, et plus rarement par injection de drogue. Les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels et/ou des pratiques sexuelles à risque sont donc plus exposées. Les migrants non vaccinés issus de pays à forte prévalence sont également particulièrement touchés.

En 2023, près de 763 000 tests de dépistage ont été remboursés, soit 65 pour 1 000 habitants. Comme pour l’hépatite C, le nombre de tests a augmenté ces dernières années dans les trois régions du pays.

Renforcer la prévention, la vaccination, le dépistage et le traitement

Les hépatites virales peuvent être évitées : leur élimination d’ici 2030 reste possible. Sciensano fixe comme priorités :

-augmenter la couverture vaccinale contre l’hépatite B, en particulier dans les groupes à risque ; il est essentiel que tous les enfants soient vaccinés dès le plus jeune âge afin d’être protégés à vie ;
-garantir l’accès au dépistage et, le cas échéant, à des soins et traitements précoces pour les personnes ayant un accès limité au système de santé ;
-sensibiliser et informer régulièrement sur les hépatites virales, tant au sein des groupes à risque que chez les professionnels de santé ;
-promouvoir l’utilisation du préservatif comme protection contre les infections sexuellement transmissibles, dont l’hépatite ;
-renforcer les actions de prévention liées à l’usage de drogues, afin de réduire le risque de contamination ;
-améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’hépatite en luttant contre la stigmatisation et la discrimination.

L’importance de la surveillance

La situation épidémiologique des hépatites B et C en Belgique doit être suivie en continu. Sciensano a récemment renforcé cette surveillance, une étape essentielle pour fournir des données fiables aux professionnels de santé, aux organismes de prévention, aux décideurs politiques et au grand public. Ces données sont cruciales pour élaborer des stratégies efficaces de lutte contre les hépatites B et C.