Paysage hospitalier
La Wallonie prépare sa stratégie
La Wallonie prépare une stratégie pour redessiner son paysage hospitalier. Si les réformes fédérales sont encore en chantier, le gouvernement Coppieters trace déjà ses axes de travail et annonce une concertation avec les acteurs du secteur.
Le gouvernement wallon a placé l’offre hospitalière parmi ses priorités. Mais pour l’instant, aucune recommandation concrète n’a encore été formulée. Le groupe d’experts mis en place par la Conférence interministérielle (CIM) Santé publique a seulement livré, en juin dernier, un rapport intermédiaire définissant la méthode de travail et listant huit chantiers prioritaires pour les six prochains mois.
Le premier de ces chantiers concerne les missions, les structures et la répartition des tâches des hôpitaux, autrement dit la question sensible de la complémentarité entre établissements. Les conclusions opérationnelles sont attendues pour la fin de l’année, lorsque le rapport final sera remis aux ministres compétents. C’est à partir de ce document que pourront se dessiner les contours d’une réforme du paysage hospitalier.
Cinq axes de la stratégie wallonne
Avant l’été, le ministre Yves Coppieters a présenté au gouvernement wallon une note stratégique posant les bases de la réforme. Celle-ci repose sur cinq axes de travail, qui doivent « s’articuler au mieux avec les réformes qui seront portées par le Fédéral ».
Le calendrier se veut volontaire : « J’espère pouvoir déployer les principales mesures dans le courant de cette législature », explique Yves Coppieters, tout en reconnaissant que « les délais sont certes ambitieux, mais ils dépendent également pour partie de la capacité de l’État fédéral à déployer sa propre réforme du paysage hospitalier ».
Depuis septembre, des réunions techniques ont déjà démarré. « Mes collaborateurs ont rencontré l’Aviq début septembre pour lancer les travaux », détaille le ministre. Des groupes de travail réunissant le secteur hospitalier doivent se mettre en place d’ici la fin de l’année.
Une concertation élargie
La réforme ne se fera pas sans dialogue. Le ministre Coppieters a confirmé sa volonté d’associer largement le secteur hospitalier aux discussions. « Des groupes de travail réunissant le secteur doivent se réunir avant la fin de l’année », précise-t-il.
Ces concertations incluront « des représentants des fédérations hospitalières, du Collège intermutualiste, et des prestataires de soins en fonction des sujets abordés, notamment au niveau de la révision des normes ». L’un des enjeux majeurs portera sur la planification territoriale. Selon le ministre, « la planification territoriale devra faire aussi l’objet d’une concertation approfondie, notamment sur les critères à retenir pour améliorer l’accessibilité géographique, car c’est bien là l’objectif ».
Quid des hôpitaux universitaires ?
Le dossier hospitalier wallon s’articule avec les compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), notamment pour les hôpitaux universitaires. « La note stratégique adoptée par le Gouvernement wallon a été réfléchie globalement, mais il convient de rappeler que la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose de ses propres compétences sur ses propres hôpitaux », rappelle Yves Coppieters.
En matière d’infrastructures, la FWB et la Région wallonne partagent un dispositif similaire, mis en place en 2017, avec toutefois certaines spécificités : « Par exemple, la Fédération ne finance pas d’hôpitaux psychiatriques puisque ces hôpitaux ne relèvent pas de ses compétences. »
Le ministre souligne enfin la nécessité d’une articulation politique : « Il reviendra donc à la Fédération de faire évoluer son propre dispositif en fonction de ses spécificités, en articulation avec d’autres entités. Je ne manquerai pas de me concerter avec la ministre-présidente Degryse puisque je fais partie des deux Gouvernements. »
Une articulation délicate avec les réformes fédérales
La stratégie wallonne doit aussi s’inscrire dans un cadre encore largement défini par le Fédéral. Les réformes annoncées à Bruxelles – qu’il s’agisse du financement des hôpitaux ou de la refonte de la nomenclature – « sont toujours en construction », a reconnu Yves Coppieters. « Ces réformes sont complexes et prendront certainement encore plusieurs années pour aboutir sur le terrain. »
Le ministre insiste sur l’importance du calendrier national : « Avant de prendre des mesures de planification, il faudra connaître le volume de soins qui sera planifié globalement par l’État fédéral. » Une manière de rappeler que la réorganisation des missions et la répartition des lits en Wallonie ne pourront se faire qu’en articulation avec la réforme fédérale du paysage hospitalier.