Le système d'alerte est sous-utilisé
Des médecins étrangers radiés peuvent continuer à travailler en Belgique
Le contrôle des médecins étrangers exerçant en Belgique laisse à désirer. Certains médecins qui ont perdu leur agréation dans un autre pays européen à la suite d'infractions graves peuvent encore recevoir des patients en Belgique. C'est ce que révèle "Bad Practice", une enquête internationale pour laquelle le journal De Tijd a collaboré avec des médias de 44 pays.
Les médias ont réussi à recueillir et à comparer plus de 2,5 millions de noms de médecins et d'autres prestataires de soins de santé, qu'ils soient licenciés ou radiés. Ils ont recherché des professionnels de la santé qui ne sont plus autorisés à travailler aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en France, mais qui figurent toujours dans les registres officiels de l'Ordre des médecins, du SPF Santé publique et de l'Inami en Belgique.
Il s'agit de médecins (généralistes et spécialistes), de dentistes et de psychothérapeutes qui ont agressé un patient ou ont eu des contacts sexuels répréhensibles avec lui, ont commis une fraude à grande échelle à la sécurité sociale ou ont été jugés dangereusement incompétents.
Dans plusieurs cas, il a pu être démontré que des prestataires de soins de santé radiés ailleurs exerçaient également de manière effective en Belgique.
Le système d'alerte sous-utilisé
Le système d'alerte européen, le Système d'information sur le marché intérieur (IMI), semble sous-utilisé dans la pratique. Selon De Tijd, bien que la Belgique ait partagé 314 alertes sur des médecins depuis son lancement, certains pays n'en ont envoyé que très peu, voire aucune.
De même, toutes les alertes ne sont pas suivies d'effet. Les alertes de l'IMI ne font pas non plus l'objet d'une enquête ou d'une application systématique. L'Ordre des médecins confirme qu'il n'y a pas de synchronisation entre le système IMI et sa propre liste de médecins agréés.
"Garantir des soins de qualité à chaque patient et protéger les intérêts et les droits de chaque patient à tout moment. Cela devrait être une évidence pour tous les prestataires de soins de santé dans notre pays et au-delà, qu'ils aient la nationalité belge ou qu'ils viennent d'un autre pays", a déclaré le ministre fédéral de la santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), dans une réaction.
"Il est donc d'autant plus important de mettre en place des mécanismes de contrôle et de créer un cadre clair dans lequel chaque professionnel de la santé peut et doit travailler.