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Or : du lingot aux fonds indexés 

Le métal jaune a, cette année, signé une performance exceptionnelle. Et, par-delà de possibles retours de manivelle, la tendance fondamentale subsiste, estiment nombre d’analystes. Sous quelle forme mettre un peu d’or dans son patrimoine ? Or physique ou produits financiers ? Et lesquels ?

20 francs or

Le mois de septembre restera marqué en lettres… d’or dans les annales du métal jaune : le lingot d’un kilo a franchi la barre spectaculaire des 100.000 euros. Il a quasiment doublé en deux ans ! Lingot et pièces d’or ne constituent pas le seul choix possible pour l’investisseur : ce sont aujourd’hui les trackers, souvent appelés ETF (ou ETC), qui ont les faveurs d’un large public. En n’oubliant toutefois pas que la détention d’un produit financier ne peut guère s’apparenter à la détention physique.

Un milliard de napoléons !

À tout seigneur, tout honneur : la reine des pièces en or reste le napoléon français, nap pour les intimes, parfois appelé louis. Il n’est pas rare : la France en a frappé plus d’un milliard de 1803 à 1914 ! Porteuse à l’avers de diverses effigies (dont Napoléon III et le coq), cette pièce contient 5,8 grammes d’or fin. Elle est répandue aussi en Belgique, bien qu’elle y ait un petit frère, souvent à l’effigie de Léopold II. Toutes deux ont pour valeur affichée « 20 francs or ». Il en allait de même pour les pièces italienne et suisse équivalentes, les quatre pays formant à l’époque l’Union latine. On a du mal à imaginer que la lire italienne avait alors la même valeur que le franc suisse…

De nombreux autres pays ont également frappé des monnaies en or qui sont aujourd’hui présentées comme des pièces d’investissement : elles se négocient à des prix très proches du cours international de l’or. Soit 2 à 3 % de prime à l’achat et de décote à la revente. La différence entre l’achat et la vente est donc de l’ordre de 5 %.

Krugerrand et lingotin

Ces « pièces-lingot », ainsi qu’on les qualifie parfois pour cette raison, ont rencontré une concurrence nouvelle dans les années 1970 et 80, avec le lancement de pièces contenant exactement une once d’or, soit 31,1 grammes, par plusieurs pays producteurs de métal jaune. Pionnier : le Krugerrand sud-africain, très populaire en Belgique. Il fut suivi notamment par le Maple Leaf canadien et le Nugget australien.

Autres acteurs sur ce terrain : les nombreuses déclinaisons du lingot : 500 grammes, 100 grammes… et jusqu’à 5, 2 et même 1 gramme à peine. On peut se demander quel est l’intérêt de ces derniers (peut-être un objet amusant en pendentif ?) quand on sait que la différence entre le prix d’achat et le prix de revente peut cette fois grimper à 10 et même 15 %, ce qui est au demeurant très logique : il va de soi que la commercialisation de 100 lingotins (ainsi que les appellent les professionnels) de 5 grammes est plus coûteuse que celle d’un lingot d’un demi-kilo.

Une médaille n’est pas un investissement

En matière d’achat et de vente d’or, deux mises en garde s’imposent. La plupart des banques ayant de longue date mis fin au négoce des pièces d’or au guichet, l’investisseur doit s’adresser à une maison spécialisée. Les grandes villes en comptent l’une ou l’autre qui ont pignon sur rue, souvent de longue date. Toutefois, quand l’or devient populaire, quelques boutiques apparaissent parfois ici et là, dont certaines ne sont pas fiables. En France, des journalistes se sont présentés dans plusieurs enseignes pour revendre quelques pièces. Surprise : une boutique du réseau qui menait alors une grosse campagne de publicité en télévision rachetait… avec une décote de 30 %. On peut qualifier ceci d’escroquerie. Il est facile de s’en prémunir : on trouve le cours officiel de l’or et la cote de diverses pièces sur de nombreux sites Internet.

Autre élément à ne pas perdre de vue : certaines pièces, plus rares, se négocient avec une prime parfois élevée, que les collectionneurs sont prêts à payer. C’est en effet l’objet qui les intéresse, pas le poids du métal jaune. Ces pièces ne sont donc pas qualifiées d’investissement. Ceci vaut plus encore pour les médailles commercialisées par des organismes publics ou entreprises privées. Le but étant de toucher un large public, de gros frais de marketing s’ajoutent à ceux de la fabrication, déjà élevés pour des tirages restreints. Résultat : ces objets se vendent habituellement à deux, voire trois fois leur valeur en or. Ce n’est clairement pas un investissement. Car une plus-value ultérieure est illusoire : la plupart des amateurs ayant été servis, les reventes dépassent allègrement les demandes résiduelles. Et les courtiers rachètent évidemment ces médailles… à leur valeur en or, d’où une fameuse moins-value.

ETF ou ETC ?

C’est par un tout autre biais que la plupart des investisseurs se tournent aujourd’hui vers le métal jaune : les ETF (Exchange Traded Funds), ou fonds négociés en bourse. Copiant un indice, souvent boursier mais pouvant concerner une foule d’actifs, ces fonds en principe « passifs » affichent des frais de gestion annuels très modestes. Parfois 0,11 % à peine, contre 1,5 à 2 % pour un fonds actif. Et leur cotation boursière offre une grande transparence sur le cours, en même temps que des frais de transaction faibles. Plusieurs courtiers en ligne affichent des tarifs insignifiants, l’un d’entre eux ayant même lancé une campagne marketing autour de son tarif zéro.

Deux options s’offrent à l’investisseur : les ETF investis en producteurs d’or et les ETC (C pour Commodities) investis en or physique. Ces derniers sont très nombreux : tous les grands gestionnaires de fonds en proposent. Et avec succès : celui du groupe Invesco, le plus important, pèse ainsi près de 23 milliards de dollars. Astuce : les frais de gestion sont de 0,12 % à peine par an, mais ils montent à 0,34 % pour sa version en euro… avec protection contre la baisse du dollar. La différence en valait spectaculairement la peine cette année ! Concrètement, la valeur de cet ETC a progressé de quelque 45 % depuis le début de l’année, comme en dollar donc, alors qu’en euro, le métal jaune ne s’est apprécié « que » de 35 % environ.

Comme la plupart des autres ETC de ce type, ce fonds est garanti par une détention physique d’or. Tous les professionnels insistent là-dessus, les fonds investis en or par le biais de contrats financiers étant à écarter, pour se prémunir contre le danger d’une contrepartie défaillante. Ce conseil vaut du reste pour tous les ETC et ETF.

Deux fois mieux pour les producteurs !

L’autre option qui s’offre à l’investisseur, ce sont les ETF investis en actions des producteurs d’or. Ils sont moins nombreux et pèsent moins lourds, mais ils ont brillé encore plus cette année. Le plus important est le iShares Gold Producers, qui pèse 3,7 milliards d’euros. Les ETF iShares sont gérés par le groupe américain BlackRock, premier gestionnaire d’actifs du monde. Il est investi dans 66 actions, au premier rang desquelles le groupe américain Newmont (11,5 % du portefeuille), suivi par le canadien Agnico Eagle (10 %). Les producteurs canadiens sont prépondérants, avec 44 % du total.

Tous les professionnels insistent pour que les fonds soient garantis par une détention physique d’or, ceux investis en or par le biais de contrats financiers étant à écarter.

La performance de cet ETF ? Le cours a doublé depuis le début de l’année ! Un joli rattrapage après des années « pour rien », puisque la performance est à peine supérieure sur 5 ans : 110 %. Elle est même très inférieure depuis le lancement du fonds en 2011 : +67 %.

L’année 2025 marque donc un fameux rebond des producteurs d’or, dont les actions étaient souvent présentées comme très retardataires ces dernières années. Cette performance mirobolante vaut également pour d’autres ETF, comme le L&G Gold Mining qui, avec 37 actions en portefeuille (dont Newmont et Agnico Eagle également en tête), a bondi de 120 % depuis le début de l’année. Il a un peu mieux presté aussi sur 5 ans : +144 %. Tous deux comptent des frais de gestion annuels de 0,55 %. Il faut encore citer le VanEck Gold Miners, qui pèse 3,3 milliards de dollars. En tête de son portefeuille de 36 actions figurent… Agnico Eagle et Newmont, décidément, mais avec un poids moindre que chez ses confrères. Comme l’iShares cité plus haut, il a exactement doublé depuis le début de l’année. Le retard des producteurs était tel que ce n’est peut-être pas fini, fût-ce à un rythme moins spectaculaire.

Washington ? Pas confiance !

Pour expliquer un mouvement haussier du métal jaune, nombre de commentateurs sortaient naguère la saison des mariages en Inde, cérémonies qui sont l’occasion d’importants achats d’or. Ces dernières années pourtant, l’impulsion vient largement des banques centrales de plusieurs États qui souhaitent diversifier leurs réserves. Et, surtout, diminuer la part des obligations du Trésor américain, les Treasuies C’est vrai de manière globale, de la part de la Turquie par exemple, et plus encore dans le chef des États dont les relations avec Washington sont par moments… un peu tendues. Cas exemplaire : la Chine.

Ces tensions se sont exacerbées avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et le malaise est devenu beaucoup plus profond. Non seulement le président encourage-t-il la baisse du dollar, d’où moins-values sur les obligations américaines, mais il semble capable d’aller jusqu’à fausser le jeu, y compris en ce qui concerne le remboursement de ces obligations. On peut imaginer que la crainte qui prévaut dans certaines banques centrales vaut également pour divers investisseurs institutionnels internationaux. La hausse de l’or témoigne donc d’un certain rejet des Treasuries.

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Écrit par Guy Legrand9 octobre 2025

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