Congrès EACS 2025
Vieillir avec le VIH n’est plus un frein au bien-être global
Les personnes vivant avec le VIH qui bénéficient d’un traitement antirétroviral efficace et dont la charge virale est durablement indétectable peuvent vieillir sans perte notable de qualité de vie, tant sur le plan physique que mental, par rapport à la population générale. Telle est, en résumé, la conclusion d’une nouvelle analyse basée sur la cohorte néerlandaise AGEhIV, présentée lors du congrès de l’EACS 2025 à Paris.

En guise d’introduction à la présentation des résultats de son étude, le Dr Kevin Moody (Centre médical universitaire d’Amsterdam) a rappelé que la qualité de vie est aujourd’hui considérée comme le « quatrième 95% » dans l’évaluation de la santé des personnes vivant avec le VIH.
Autrement dit, atteindre les trois premiers objectifs - à savoir: 95% de personnes connaissant leur statut, 95% sous traitement antirétroviral et 95% avec une charge virale indétectable - ne suffit plus à répondre à la définition globale de la santé édictée par l’OMS.
La qualité de vie liée à la santé (HRQoL) ne se limite pas à l’absence de symptômes mais s’attache à la capacité de mener une existence confortable, équilibrée et épanouie. Mais que sait-on concrètement de l’évolution de la HRQoL, au fil du temps, chez des personnes vivant avec le VIH vieillissantes, bien traitées et en bon contrôle virologique ? Est-elle comparable à celle de la population générale ? Telles sont précisément les questions auxquelles l’étude AGEhIV a cherché à répondre.
Comprendre le vieillissement avec le VIH
L’étude a inclus 522 personnes vivant avec le VIH, et 532 témoins séronégatifs appariés selon l’âge, le sexe et les comportements à risque.
Dans le groupe des personnes vivant avec le VIH, les participants inclus étaient majoritairement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (73%). L’âge moyen était de 53 ans chez les personnes vivant avec le VIH et de 52 ans chez les témoins. Tous les participants séropositifs étaient sous traitement antirétroviral et présentaient une charge virale <200 copies en début du suivi.
Évaluation répétée de la qualité de vie sur huit ans
La qualité de vie liée à la santé (HRQoL) a été mesurée à l’aide des 36 items du questionnaire SF-36 analysant deux composantes : le score mental et le score physique.
Les évaluations ont été effectuées lors de l’inclusion, puis à deux, quatre et huit ans de suivi. Les investigateurs ont appliqué des modèles mixtes linéaires pour comparer l’évolution des scores entre les groupes, en tenant compte des facteurs socio-démographiques, du mode de vie et des comorbidités chroniques.
Des trajectoires similaires dans les deux groupes
Après huit ans de suivi, les trajectoires d’évolution du score physique et du score mental ne différaient pas significativement entre les personnes avec et sans VIH. En moyenne, les personnes vivant avec le VIH présentaient un score physique (- 2,05 points) et un score mental (- 1,12 points) très légèrement inférieur aux scores observés au sein du groupe des participants séronégatifs, mais cette différence n’était pas statistiquement significative. Autrement dit, les modifications en termes de qualité de vie étaient comparables entre les deux groupes au fil du temps.
L’importance d’un suivi régulier et d’un traitement continu
Les résultats confirment le bénéfice du traitement antirétroviral précoce et continu, ainsi que de la prise en charge globale des comorbidités (diabète, maladies cardiovasculaires, ostéoporose, insuffisance rénale, etc.). Un accès stable aux soins et une bonne observance thérapeutique apparaissent déterminants pour maintenir une qualité de vie optimale.
Vers un vieillissement normal avec le VIH
Pour les investigateurs, ces résultats sont porteurs d’un message optimiste: les personnes vivant avec le VIH correctement prises en charge peuvent atteindre une qualité de vie tant physique que mentale comparable à celle de la population générale. Les différences observées, minimes, traduisent avant tout la persistance de certains défis liés au vieillissement lui-même, et aux comorbidités qui l’accompagnent, plutôt qu’à l’infection elle-même. Le VIH ne semble plus constituer un frein au bien être global
Réf: Moody K.G. et al. Abstract oral 01.7, EACS 2025, Paris.
