Soins infirmiers à domicile

"Nous sommes inquiets du climat de suspicion autour des infirmiers à domicile"

L’Union Belge des Prestataires de Soins (UBPS) exprime sa profonde inquiétude face au climat de suspicion entretenu ces dernières semaines autour des soins infirmiers à domicile. L’instrumentalisation d’un cas isolé de fraude pour laisser croire à un “problème systémique” prépare l’opinion publique à accepter des réformes structurelles qui, loin d’améliorer le secteur, risquent de l’affaiblir durablement.

La VRT a notamment affirmé que “7 cas sur 10” contrôlés présenteraient une surfacturation. L’UBPS rappelle que ces chiffres proviennent exclusivement de contrôles ciblés réalisés sur base de soupçons préalables et ne reflètent en rien la réalité globale de la profession, d’autant qu’aucune contextualisation sérieuse n’a été apportée. Cette présentation tronquée laisse faussement croire à une situation généralisée, et conduit à assimiler publiquement les infirmières, qui assurent jour et nuit la continuité des soins, à des fraudeuses, alors que la fraude avérée reste marginale. 

"Une multitude d’actes réalisés quotidiennement ne sont tout simplement pas rémunérés."

Dans ce débat, des éléments essentiels sont systématiquement passés sous silence. Une multitude d’actes réalisés quotidiennement ne sont tout simplement pas rémunérés : administration de gouttes oculaires, rappels médicamenteux, surveillance clinique, retours en soirée, coordination, appels aux médecins, sans compter les déplacements entre patients. Par ailleurs, de nombreux soins sont tarifiés à des niveaux indécents : 7 à 9 € pour une toilette, 2,5 à 4 € pour une injection, 5 à 9 € pour un pansement simple.

Les forfaits journaliers, eux, ne valorisent absolument pas le temps passé : qu’un soin dure 15 ou 45 minutes, la rémunération reste identique. Les infirmières réclament depuis des années une révision complète de ces honoraires, sans jamais être entendues. Cette absence de contexte oriente l’opinion et alimente une perception inexacte et profondément injuste du métier.

La rémunération à l'heure est un leurre

Quelques jours seulement après la tempête médiatique, le ministre Frank Vandenbroucke a annoncé un projet pilote instaurant un paiement à l’heure, fixé à 60 € bruts en semaine et 80 € bruts le week-end, avec une mise en place prévue pour 2026. Le ministre soutient que le financement à l’acte “encourage la fraude” et présente ce modèle horaire comme une voie d’avenir. L’UBPS dénonce cette présentation biaisée : non seulement la profession n’a jamais demandé ce modèle, mais celui-ci n’a pas pour vocation de revaloriser le travail infirmier. Il vise surtout à réaliser des économies au détriment des infirmières indépendantes.

Ce passage au forfait illustre également, une fois encore, la volonté du ministre d’accroître l’étatisation du système de santé en remplaçant progressivement la liberté d’exercice par des modèles uniformisés, centralisés et contrôlés, au détriment de la souplesse indispensable aux soins à domicile. L’INAMI précise d’ailleurs que le modèle testé n’est en rien assuré d’être conservé, laissant la porte ouverte à un futur financement encore plus restrictif.

Le secteur, déjà au bord de la rupture, ne pourra absorber une nouvelle dégradation de ses conditions d’exercice. L’immense majorité des infirmières, celles qui ne fraudent pas, travaillent déjà dans un système sous-financé, multipliant les heures pour maintenir un revenu décent. Les pénaliser davantage provoquerait une hémorragie de soignant(e)s, une dégradation de la qualité des soins et un recours massif au recrutement à l’étranger, présenté comme “logique”, alors qu’il n’est que le symptôme direct de décennies de sous-financement.

"La majorité des soins à domicile comptent parmi les moins rémunérés du système de santé"

Pendant qu’on accuse les infirmières de surfacturer, l’UBPS rappelle que la majorité des soins à domicile comptent parmi les moins rémunérés du système de santé : injections à 2,5–4 euros , toilettes à 7–9 euros , pansements simples à 5–9 euros, et de nombreux actes à 0 euros -surveillance, rappels de traitement, déplacements, coordination. Ces soins, pourtant essentiels pour maintenir les patients à domicile et éviter des hospitalisations coûteuses, sont totalement absents du débat public.

Face à cette situation, l’UBPS formule plusieurs demandes claires : mettre fin à la stigmatisation médiatique de la profession, revaloriser d’urgence les soins et les forfaits, impliquer les infirmières dans toute réflexion sur le financement futur et construire des réformes en collaboration avec le terrain, dans le respect des réalités quotidiennes du métier. Les infirmières à domicile jouent un rôle indispensable dans la santé publique : elles permettent aux patients de rester chez eux, évitent la saturation des hôpitaux et assurent une présence humaine irremplaçable. Les stigmatiser pour faire passer des réformes d’austérité est inacceptable.

L'UBPS continuera de défendre la dignité, la réalité et la valeur de cette profession essentielle.

Par ailleurs, l’UBPS condamne vigoureusement les fraudes. Le dernier cas met également en lumière l'inefficacité du contrôle et du rôle des mutuelles, ainsi que de l'Inami. Un audit interne indépendant du fonctionnement de ces structures nous semble indispensable.  On ne traite pas leur dysfonctionnement par la contrainte, la peur et l'insécurité juridique des soignants. 

L'Union Belge des Prestataires de Soins 

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Écrit par l’Union Belge des Prestataires de Soins5 décembre 2025

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