La transition ménopausique, un risque méconnu pour la santé mentale
Le Stages of Reproductive Aging Workshop définit la périménopause comme la période débutant lorsque des changements persistants de la durée du cycle d’au moins 7 jours surviennent, et se terminant 12 mois après les dernières règles, moment où débute la postménopause. Quant à la période appelée transition ménopausique (TM), elle peut se signaler par des symptômes apparaissant déjà au début de la quarantaine, soit bien plus précocement qu’on ne le pensait jusqu’il y a peu.
La TM est une période de vulnérabilité pouvant entraîner l’apparition ou l’aggravation de troubles de la santé mentale. Des découvertes récentes ont clarifié la physiopathologie à l’origine des symptômes précoces courants de la TM tels que le brouillard cérébral, l’anxiété, l’impression d’être débordée, l’irritabilité, la fatigue et les troubles du sommeil. Les patientes peuvent percevoir les changements physiques et cérébraux de manière floue, comme l’impression de « ne plus être soi-même ». Comme ces plaintes peuvent précéder d’une dizaine d’années les modifications du cycle menstruel, les médecins ne pensent pas toujours au lien possible entre ces symptômes et la TM.
Une enquête récente menée récemment auprès de femmes d’un âge médian de 48 ans (1) a identifié le brouillard cérébral, l’instabilité de l’humeur, la fatigue, les douleurs, les symptômes vasomoteurs, les troubles du sommeil et l’anxiété comme les symptômes les plus pénibles de la TM.
Une autre enquête récente (âge médian : 54 ans) révèle que ce sont les symptômes psychologiques, plutôt que les symptômes somatiques ou urogénitaux, qui entraînent le plus souvent de l’absentéisme au travail chez ces femmes (2). Ces dernières se sentent souvent négligées par leur médecin et se tournent vers d'autres sources d’information, souvent associées à des publicités. En raison d’un manque de formation sur la ménopause dans les cursus médicaux postdoctoraux, les praticiens sont souvent mal préparés à répondre aux besoins de ces patientes.
Un article publié par la revue Current Opinion in Obstetrics and Gynecology (3) évoque les publications scientifiques récentes que les troubles du fonctionnement cognitif au cours de la TM, ainsi que les options thérapeutiques ayant fait leurs preuves. Les premiers symptômes mentaux qui sont rencontrés fréquemment sont liés à des modifications profondes de la structure cérébrale, de la connectivité, du métabolisme énergétique et de l’état inflammatoire, elles-mêmes liées aux variations hormonales. Les symptômes les plus gênants, tels que rapportés par les patientes, sont principalement le brouillard cérébral, l’anxiété et l’humeur instable.
Les nouvelles données soutiennent un nombre croissant de modalités thérapeutiques efficaces. Celles-ci comprennent l’hormonothérapie, les médicaments psychotropes, les gabapentinoïdes, les antagonistes NK3R, les stimulants, la psychothérapie et l’activité physique.
Selon l’expérience des auteurs, l’hormonothérapie est la modalité thérapeutique la plus sous-utilisée chez les femmes souffrant de plaintes psychologiques durant la transition ménopausique.
Références :
1. Woods NF, Coslov N, Richardson MK. Effects of bothersome symptoms during the late reproductive stage and menopausal transition: observations from the Women Living Better Survey. Menopause. 2023 Jan 1;30(1):45-55. doi: 10.1097/GME.0000000000002090
2. Faubion SS, Enders F, Hedges MS, Chaudhry R, Kling JM, Shufelt CL et al. Impact of Menopause Symptoms on Women in the Workplace. Mayo Clin Proc. 2023 Jun;98(6):833-845. doi: 10.1016/j.mayocp.2023.02.025
3. Horst K, Cirino N, Adams KE. Menopause and mental health. Curr Opin Obstet Gynecol. 2025 Apr 1;37(2):102-110. doi: 10.1097/GCO.0000000000001014.
