
IA et médecins : fantasmes et réalités
Faut-il craindre d’être remplacé par une machine ? Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle s’installe dans les pratiques médicales, du tri d’images à l’aide au diagnostic. Et avec elle, une inquiétude récurrente : celle de voir les soignants supplantés par des algorithmes.
En 2016, Geoffrey Hinton, l’un des pionniers de l’IA, déclarait qu’il ne fallait plus former de radiologues. Neuf ans plus tard, la réalité est tout autre : les effectifs ont bondi à la Mayo Clinic, où plus de 250 modèles d’IA sont désormais utilisés… sous supervision médicale. Loin de faire disparaître les médecins, l’IA les accompagne dans des tâches ciblées, tout en renforçant leur rôle d’interprétation clinique.
Mais à rebours du catastrophisme, il faut aussi se méfier du solutionnisme technologique. La majorité des outils d’IA déployés en santé restent encore peu transparents, peu validés, ou difficilement adaptables à la réalité du terrain belge. La prudence est donc de mise, notamment dans les hôpitaux et les cabinets de ville.
C’est le discours défendu par le Pr Giovanni Briganti (UMons), qui plaide pour une médecine augmentée, mais pas aveuglée. Il alerte sur les dérives d’un discours qui prépare l’opinion à une automatisation du soin, et invite les cliniciens à reprendre la main sur le développement et l’usage de ces outils.
En Belgique, cela implique de former les médecins à comprendre les limites des algorithmes, d’évaluer les outils dans leur contexte réel et de faire entendre la voix du terrain dans la gouvernance technologique. L’IA ne remplacera pas les soignants. Mais elle pourrait redéfinir leur place. À eux de ne pas la laisser vacante.
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