"My Voice, My Choice"
Plus d'un million d'Européens demandent le droit à un avortement sûr dans l'UE
Le mouvement féministe transnational "My Voice, My Choice", qui milite pour un droit européen à l'avortement, a officiellement remis à la Commission une initiative citoyenne européenne (ICE), signée par plus d'un million de personnes. Objectif: offrir "à chacune, sans distinction, un accès à des soins abortifs sûrs au sein de l'UE".
"Aujourd'hui, nous écrivons l'histoire: pour la première fois, la Commission européenne va être obligée de mettre la question du droit à l'avortement à l'agenda politique depuis une initiative citoyenne", a expliqué Nika Kovač, coordinatrice de la campagne européenne "My Voice, My Choice" lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Un droit humain fondamental
Alors qu'une femme risque la prison en cas d'avortement à Malte, alors que l'IVG est légale en Italie depuis 1978 mais bien souvent refusée dans les faits, alors que l'Allemagne "se définit comme un pays libéral" mais impose de strictes conditions à cet acte médical, "des femmes se mettent en danger pour ce qui est un droit humain fondamental", ont égrené les porteuses de la campagne.
"Personne n'a le droit de nous dire ce que nous devons ou ne devons pas faire de notre vie", insiste Nika Kovač.
Concrètement, le mouvement féministe demande à la Commission de présenter une proposition de soutien financier aux États membres "dans un esprit de solidarité" afin de permettre à toute personne en Europe qui n'a pas accès à un avortement sûr et légal d'interrompre sa grossesse en toute sécurité.
"Parce qu'aujourd'hui en Europe, avorter reste dangereux pour sa santé physique, mais aussi mentale et économique", a souligné celle qui est aussi fondatrice de l'ONG slovène "l'Institut de recherche du 8 mars".
L'initiative ne concerne donc pas l'octroi d'un droit direct à l'avortement au niveau de l'UE, pointe de son côté la Commission, qui rappelle que les États membres restent maîtres de leur politique de santé.
1.124.513 signatures européennes...
La collecte de signatures avait débuté en avril 2024. Les porteuses du projet (des associations, militantes anonymes et personnalités publiques) disposaient d'un an pour recueillir l'adhésion d'un million de personnes issues d'au moins sept pays de l'UE, avec un nombre minimum de signatures dans chaque pays.
En avril 2025, c'était chose faite: 1,2 million d'individus soutenaient la mesure. Après vérification de chaque signature, "My Voice, My Choice" a donc soumis le projet, approuvé par 1.124.513 citoyens de l'UE, aux instances européennes.
"Ceux qui nous refusent nos droits en tant que femmes sont généralement les mêmes que ceux qui nient le changement climatique", a relevé la militante écologiste allemande Luisa Neubauer. "Ils suivent une idéologie de domination, selon laquelle le corps, la terre, la nature et tout ce qui peut être exploité doit être contrôlé."
... Dont un peu plus de 18.000 en Belgique
En Belgique, la campagne a recueilli 18.313 signatures, soit un peu plus que le seuil minimal de 15.840 requis dans le cadre d'une ICE.
Son succès est particulièrement notable en Slovénie (pays d'origine du mouvement My Voice, My Choice), où 59.508 personnes ont fait entendre leur voix (alors que le seuil est fixé à 5.640 signatures) et en Italie, où 161.168 femmes et hommes ont soutenu la demande (pour un minimum fixé à 53.580).
Le processus prévoit à présent un entretien avec la commissaire européenne à l'Égalité, Hadja Lahbib, dans les prochaines semaines, puis une audition publique au Parlement européen endéans les trois mois.
La Commission a jusqu'au 2 mars 2026 pour présenter sa réponse officielle, exposant les mesures qu'elle a l'intention de prendre le cas échéant.