Médecine d'urgence

Conflit israélo-palestinien : La Belgique "peut faire plus", notamment au niveau des évacuations médicales, plaide MSF

Quelques heures après un accord très attendu en comité ministériel restreint (kern), au sujet de la position belge face à la guerre à Gaza, plusieurs acteurs bien au fait de la situation sur place en ont dressé un sombre tableau devant les élus de la commission Relations extérieures de la Chambre. Oui, la Belgique peut faire plus, notamment très concrètement avec des évacuations médicales, estime une représentante de Médecins Sans Frontières.

Gaza ruines
© Mohammed Ibrahim sur Unsplash

La directrice générale adjointe de l'ONG Kristel Eerdekens a demandé aux politiques de "prendre d'autres mesures", d'aller plus loin, pour "rendre plus concrètes" désormais les décisions prises en kern la nuit précédente. 

Elle évoque notamment les évacuations médicales: "dix enfants, je pense, ont été évacués médicalement l'an dernier (vers la Belgique). Dix sont sur la liste cette année. Mais 13.000 personnes ont besoin d'une évacuation médicale (depuis la bande de Gaza). Et 700 personnes sur liste d'attente sont décédées. Est-ce que la Belgique peut faire plus? Oui". 

"Un pas dans la bonne direction"

La Belgique a les capacités de faire davantage pour évacuer et prendre en charge des personnes blessées ou malades, en besoin aigu de soins, et les difficultés administratives du côté israélien ne sont pas insurmontables, insiste-t-elle plus tard, après avoir été interrogée par plusieurs élus sur les pistes concrètes d'action pour le fédéral. 

Les évacuations médicales sont évoquées dans l'accord dégagé en kern, selon la communication du ministre des Affaires étrangères: le fédéral "s'engage à poursuivre activement (...) les évacuations médicales d'enfants atteints de pathologies complexes qui ne peuvent être traitées dans la région", peut-on y lire. 

Plusieurs représentants de MSF étaient invités à s'exprimer. Leurs témoignages ont relativisé la portée de l'accord obtenu en kern, mais la directrice générale adjointe parle tout de même de "pas dans la bonne direction". "Mais les dommages sont déjà immenses. Et la souffrance rendue possible par les regards collectivement détournés est irréparable", ajoute-t-elle. 

Anna Halford, qui travaille sur place pour MSF, a fait le constat d'un quotidien plongé dans l'incertitude: "Plus de 85% de Gaza est actuellement sous le coup d'ordres d'évacuation" décrétés par Israël, mais les lieux vers lesquels les citoyens sont censés se déplacer ne sont pas non plus exempts de tirs, bombardements, attaques aux engins explosifs. Et cette zone de plus en plus limitée "n'a pas les infrastructures pour une telle densité de population: eau, égouts, etc., toutes ces choses ont été au moins partiellement détruites". "Après deux ans de ces violences, le système de santé est majoritairement démantelé. Les infrastructures, et les personnes qui composent le système, ont été systématiquement attaquées". Si bien qu'il n'y a par exemple plus aucun service spécialisé en oncologie. L'ONG elle-même est fortement limitée par le contrôle total d'Israël sur tout ce qui entre dans la bande de Gaza, raconte-t-elle. "Chaque objet doit être catégorisé, autorisé, contrôlé, au regard d'une liste 'double usage' à laquelle nous n'avons pas accès". Du matériel autorisé se retrouve parfois tout de même bloqué à la frontière.

Famine créée par l'homme

A ces difficultés s'ajoute désormais une situation de "famine créée par l'homme", insiste-t-elle. 
Pour l'ONG Solsoc, la chargée de recherche et plaidoyer Aurore Schreiber a plaidé pour la rupture de "tout lien avec Israël", pour maintenir "une pression maximale" sur cet Etat pour qu'il ouvre au minimum tous les accès à l'aide humanitaire. 

Un représentant de la FAO, Raschad Al-Khafaji, directeur du bureau de liaison de l'organisation onusienne auprès de la Belgique et de l'UE, a partagé quelques chiffres sur la bande de Gaza: "132.000 enfants de moins de 5 ans sont menacés de malnutrition d'ici juin 2026, dont 41.000 cas sévères". Et "plus de 98% des terres agricoles sont soit détruites, soit inaccessibles". L'impossibilité pour la plupart des habitants d'accéder à des légumes frais a des conséquences particulièrement inquiétantes pour les jeunes enfants et femmes enceintes, en manque de nutriments essentiels, a-t-il insisté.

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Écrit par Belga3 septembre 2025
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