Le GBO déçu
Analogues au GLP-1 : l'autorisation préalable sera bientôt obligatoire, quelles modalités ?
Une autorisation préalable du médecin-conseil de la mutuelle sera désormais indispensable pour la délivrance d'analogues au GLP-1. Le GBO regrette la décision unilatérale de Frank Vandenbroucke, jugée dangereuse pour la santé des patients diabétiques.
Le contenu de la circulaire envoyée par l'Inami aux médecins et aux pharmaciens d'officines ce 17 septembre tient en quelques lignes. Comme annoncé, à partir du 1er février 2026, une autorisation préalable du médecin-conseil de la mutualité sera indispensable pour obtenir le remboursement de certains médicaments utilisés pour traiter un diabète de type 2, même pour un patient en trajet de soins. Il s'agit des analogues au GLP-1, à savoir Ozempic®, Rybelsus®, Mounjaro®, Trulicity®, Victoza® et Xultophy®.
Une période transitoire de quatre mois est prévue pour permettre à tous les patients concernés de prendre rendez-vous chez leur médecin (généraliste ou spécialiste) et d'obtenir leur autorisation préalable d'ici au 1er février 2026. Concrètement, jusqu’au 31 janvier 2026, le patient sera remboursé pour son analogue du GLP-1 soit s’il a une prescription de son médecin portant la mention « Trajet de soins Diabète » et que le pharmacien a pu vérifier ce Trajet de soins dans la base de données MyCarenet-MemberData, soit s’il a une prescription de son médecin (avec ou sans mention du Trajet de soin) et une autorisation de remboursement de sa mutualité.
L’application Civars permet à un médecin de demander une autorisation préalable de façon électronique à la mutualité de son patient, et permet à la mutualité de délivrer cette autorisation bien plus rapidement. MyCareNet permet au pharmacien de visualiser en temps réel les autorisations d’un patient.
Le contrôle a posteriori pas suffisant
L'Inami défend la mesure en agitant des motifs de force majeure : « Ce changement contribuera à lutter contre le détournement important de leur remboursement en dehors de l’indication d’un diabète, qui a fortement impacté le budget de l’assurance soins de santé. La mesure ne devrait pas impacter les professionnels de santé. »
Le GBO n'est pas du tout du même avis : « Un contrôle a posteriori sur base de critères objectifs était déjà en place », soulève le syndicat. « Le GBO/Cartel s’était opposé à une solution qui allait surcharger administrativement les MG, et avait alors obtenu que l’effort soit mis sur le contrôle a posteriori par le pharmacien, qui contrôlait à la fois la conformité des prescriptions - si les médecins sont responsables du respect de l’indication bénéficiant d’un remboursement, il est indispensable que les pharmaciens vérifient le statut TDS et l’authenticité des prescriptions papier pour éviter de rendre à tort le médicament gratuit pour le patient - et celle de la délivrance - au vu la multiplicité des prestataires consultés par le patient, les médecins prescripteurs ne peuvent pas être tenus pour responsables des surprescriptions et surdélivrances ; le contrôle du nombre d’injections délivrées en bénéficiant d’un remboursement est par contre aisément contrôlable par le pharmacien grâce au dossier pharmaceutique partagé. »
« Toute manœuvre bureaucratique retarde les soins appropriés. »
- Le GBO
Ce mécanisme, promu par le GBO et en place depuis mai 2025, vient d'être remplacé d'autorité par la proposition initiale du SCEM, qui proposait une autorisation a priori. « Force est de constater que la solution avancée en mai n’était pas optimale et qu’une vérification a priori par la mutualité s’avère indispensable si l’on veut pouvoir continuer à rembourser ces médicaments pour les personnes diabétiques », se contente de justifier la circulaire de l'Inami.
Encore un passage en force ?
Le GBO/Cartel déplore que ce changement ait été décidé de manière unilatérale. « Nous avions pourtant obtenu que soit effectuée une évaluation de l’efficacité du contrôle renforcé par les pharmaciens avant un éventuel passage au contrôle a priori. Les résultats de cette étude ne nous ayant pas été communiqués, nous avons donc interrogé l'Inami pour savoir pourquoi une telle évaluation n’avait pas été réalisée avant de décider de passer au contrôle a priori. La décision de soumettre le remboursement des analogues du GLP-1 à une autorisation préalable par le médecin-conseil à partir de ce 01/10/25 aurait été prise de manière unilatérale par le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui a motivé sa décision par la nécessité de jouer la sécurité budgétaire (en évitant le risque de dépenses injustifiées) pour pouvoir garantir aux patients diabétiques le remboursement de leur traitement. »
Pour le GBO/Cartel, il est néanmoins évident que ce contrôle a priori augmentera la surcharge administrative des médecins et contourne le principe des TDS, au risque d’une diminution réelle de la qualité des soins : « cette mesure sera néfaste aux patients diabétiques obèses, en risquant d’augmenter le recours inapproprié à l’insuline, totalement contre-productif. »