Rapport 'Countdown' 2025
The Lancet: l'inaction contre le changement climatique cause des millions de morts
Les effets du réchauffement climatique sur la santé continuent de s'aggraver dans le monde, avec des millions de morts à la clé, alerte ce mercredi "Countdown", le rapport annuel de la revue médicale The Lancet.

"Le changement climatique menace la santé à un niveau sans précédent", résume le Lancet Countdown, rédigé chaque année à partir de l'état général des connaissances scientifiques par une centaine de chercheurs internationaux, coordonnés par l'University College London et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Ce message prolonge encore et toujours celui des précédentes éditions, alors que les températures mondiales moyennes ne cessent d'augmenter.
Les énergies fossiles trop subventionnées
Une tendance alimentée par l'usage des énergies fossiles, qui a franchi un nouveau record en 2024. Les auteurs regrettent qu'elles restent fortement subventionnées par les États. Le rapport pointe un "retour en arrière" plus général au niveau des politiques publiques.
En 2023, les gouvernements du monde entier ont ainsi accordé 956 milliards de dollars de subventions nettes aux combustibles fossiles afin de maintenir l'énergie « abordable ». C'est trois fois plus que les 300 milliards de dollars promis lors de la COP29 pour soutenir les pays les plus vulnérables au changement climatique.
"Il est préoccupant de constater que 15 des 87 pays qui sont responsables de 93% des émissions mondiales de CO2 dépensent, en 2023, plus en subventions nettes aux combustibles fossiles que leur budget national consacré à la santé", déplorent les scientifiques.
"Si nous continuons à dépendre des combustibles fossiles, les systèmes de santé, les infrastructures de refroidissement et les capacités de gestion des catastrophes seront bientôt saturés", affirme la Pre Nadia Ameli, coprésidente du Lancet Countdown Working Group. "Cela mettra davantage en danger la santé et la vie de huit milliards de personnes dans le monde."
Des estimations précises de la mortalité
Le rapport, publié quelques semaines avant la COP 30 organisée cette année à Bélem (Brésil), énumère de nombreuses conséquences de ce réchauffement, dangereuses pour la santé : vagues de chaleur, sécheresses, pollution aérienne, feux de forêts... Pour la première fois, le rapport propose des estimations précises de la mortalité liée à certains de ces phénomènes.
Selon le rapport 2025, 12 des 20 indicateurs de santé étudiés sont alarmants.
2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. À l'échelle mondiale, chaque personne a été exposée en moyenne à un nombre record de 16 jours supplémentaires de chaleur dangereuse pour la santé, qui peuvent être attribués au changement climatique.
En moyenne, 546.000 personnes sont mortes à cause de la chaleur chaque année entre 2012 et 2021, une nette hausse par rapport aux années 1990. La fumée des feux de forêts aurait, elle, causé 154.000 décès l'an dernier. Cette exposition accrue à la chaleur a entraîné en 2024 une perte record de 639 milliards d'heures de productivité au travail, soit 1% du PIB mondial. Les décès liés à la chaleur chez les personnes âgées de plus de 65 ans ont un impact économique estimé à 261 milliards de dollars.
Plus largement, la pollution aérienne extérieure et liée aux énergies fossiles a causé plus de 2,5 millions de décès en 2022. Il y a "chaque année des millions de morts évitables" à cause de l'inaction des États en matière de lutte contre le réchauffement climatique, souligne le rapport Countdown 2025.
Le rapport souligne que les mesures prises sont bel et bien efficaces. On estime que la réduction de la consommation de charbon permet de sauver 160.000 vies chaque année. Le passage à des régimes alimentaires plus respectueux du climat et à des systèmes agricoles plus durables a un impact positif sur la pollution, les gaz à effet de serre et la déforestation, ce qui permet de sauver plus de dix millions de vies par an.
En 2023, la Belgique a accordé trois milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles, soit l'équivalent de 5% des dépenses de santé.
Le rapport contient également des rapports partiels par pays. Voici les chiffres les plus marquants pour la Belgique:
- En 2024, les Belges ont été exposés en moyenne à 10,3 jours de canicule par an, dont 7,1 n'auraient pas eu lieu sans le changement climatique.
- L'exposition à la chaleur a entraîné 5,1 millions d'heures de travail perdues en 2024, soit près du double par rapport à 1990-1999. Le secteur de la construction est le plus touché.
- On estime qu'entre 2012 et 2021, 475 personnes sont mortes chaque année en Belgique à cause de la chaleur, soit une augmentation de 60% par rapport à 1990 et 1999.
- En 2022, 8.700 décès ont été enregistrés en Belgique en raison de la pollution atmosphérique extérieure due aux PM2,5 d'origine humaine. Cela représente une baisse de 39% par rapport à 2010. Néanmoins, le coût économique des décès prématurés dus à la pollution atmosphérique s'élève toujours à 27 milliards de dollars.
- En 2023, la Belgique a accordé trois milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles, soit l'équivalent de 5% des dépenses de santé.