Vers un plan de vaccination pour les seniors ?
Neos, lâassociation néérlandophone des seniors, demande lâinstauration dâun plan de vaccination pour les adultes et les personnes ĂągĂ©es, sur le modĂšle des calendriers vaccinaux qui existent pour les enfants.
Martin De Loose, directeur de l'ASBL Neos, a lancĂ© cet appel lors dâun Ă©vĂ©nement au Parlement fĂ©dĂ©ral : « Nos seniors actifs mĂ©ritent la mĂȘme protection et la mĂȘme attention que nos enfants. Ils ne demandent pas grand chose : une information claire, des rappels en temps utile et des vaccinations accessibles. » Ces attentes ressortent dâune enquĂȘte menĂ©e par Neos auprĂšs de ses membres (voir ci-aprĂšs).
Lors de lâĂ©vĂ©nement, le Pr Pierre Van Damme (Vaccinopolis) a rappelĂ© la rĂ©alitĂ© dĂ©mographique : le groupe des 65 ans et plus est en croissance, tant en chiffres absolus que proportionnellement dans la population.
« Pour maintenir ce groupe croissant en aussi bonne santĂ© que possible, il faut un vĂ©ritable changement de paradigme », a dĂ©clarĂ© le Pr Van Damme. « Nous devons passer dâun modĂšle de soins oĂč lâon se demande comment un mĂ©decin peut vous guĂ©rir Ă un modĂšle oĂč chacun sâinterroge sur la façon de rester en bonne santĂ©. » Ă cĂŽtĂ© dâune alimentation saine et dâune activitĂ© physique suffisante, la vaccination constitue ainsi un troisiĂšme pilier essentiel.
Van Damme a reconnu que la communication autour des vaccins a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jadis un peu trop optimiste - par exemple en affirmant quâaprĂšs un vaccin contre la grippe, « on ne pouvait plus attraper la grippe ». Le message central sur la vaccination doit ĂȘtre plus rĂ©aliste et plus clair : elle protĂšge surtout contre les formes graves et lâhospitalisation, et câest prĂ©cisĂ©ment ce qui la rend si prĂ©cieuse pour les personnes ĂągĂ©es.
« Mon vĂ©tĂ©rinaire mâenvoie une invitation quand mon chat a besoin dâun vaccin - pourquoi ne faisons-nous pas la mĂȘme chose pour les humains ? »
Besoin de connaissances
Le Dr Yves Van Laethem, infectiologue et prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de la SantĂ© (CSS), a soulignĂ© lâimportance des connaissances sur les vaccins. « Les grands-parents savent souvent mieux quels vaccins leurs petits-enfants doivent recevoir que ceux qui leur sont utiles Ă eux-mĂȘmes », a-t-il relevĂ©. Le fait quâil existe, dans la pratique, un dĂ©calage entre les recommandations du CSS et les modalitĂ©s de remboursement complique, pour les personnes ĂągĂ©es, lâaccĂšs aux vaccins adĂ©quats.
Le Pr Pierre Van Damme a plaidĂ© pour une plus grande place de la prĂ©vention dans la formation en mĂ©decine. Il voit aussi des opportunitĂ©s en premiĂšre ligne, niveau qui pourrait jouer un rĂŽle bien plus actif grĂące aux outils numĂ©riques. Il pose la question de maniĂšre tranchĂ©e : pourquoi ne pas inviter systĂ©matiquement tous les plus de 65 ans via le DPI ? « Mon vĂ©tĂ©rinaire mâenvoie, lui, une invitation quand mon chat a besoin dâun rappel vaccinal - pourquoi ne faisons-nous pas la mĂȘme chose pour les humains ? »
« Nous voulons tous disposer dâun nombre suffisant dâannĂ©es de vie en bonne santĂ© et de qualitĂ©. Il est donc urgent que la prĂ©vention et la lutte contre les maladies occupent une place importante dans notre politique de santĂ© », a dĂ©clarĂ© Jan Bertels, dĂ©putĂ© Vooruit. « Nous disposons dĂ©jĂ dâexcellents calendriers vaccinaux pour les jeunes enfants. Le dĂ©fi, dĂ©sormais, est de faire vacciner aussi les aĂźnĂ©s. »
Solide confiance
Neos a sondĂ© en ligne lâattitude de ses membres vis-Ă -vis de la vaccination. Bien que seuls 356 des 35.000 membres aient rĂ©pondu au questionnaire, les rĂ©ponses offrent un aperçu intĂ©ressant de ce qui prĂ©occupe les adultes plus ĂągĂ©s.
Fait marquant : la confiance gĂ©nĂ©rale dans la vaccination est Ă©levĂ©e. Pas moins de 94 % estiment que les vaccins sont un bon moyen de se protĂ©ger soi-mĂȘme et de protĂ©ger les autres. La conviction que les vaccins fonctionnent est bien ancrĂ©e : 95 % les jugent efficaces et 89 % sĂ»rs. Dans le mĂȘme temps, une certaine prudence subsiste Ă lâĂ©gard des nouveaux vaccins.
Les vaccins « classiques » sont trĂšs bien connus : presque tous connaissent les vaccins contre la grippe (98 %), contre le covid-19 (98 %), contre le tĂ©tanos (96 %) et contre le pneumocoque (90 %). Les vaccins plus rĂ©cents restent toutefois sous le radar : seuls 59 % connaissent le vaccin RSV, et Ă peine 32 % celui contre le zona. Le questionnaire comportait aussi des questions piĂšges : 9 % pensent quâil existe un vaccin contre la BPCO, et 4,8 % croient Ă lâexistence dâun vaccin contre le diabĂšte de type 2.
Le généraliste est crucial
93 % suivent lâavis de leur mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste en matiĂšre de vaccination, et 89,3 % prĂ©fĂšrent ĂȘtre informĂ©s ou invitĂ©s Ă se faire vacciner par leur gĂ©nĂ©raliste. Fait notable : 28 % indiquent que leur mĂ©decin aborde rarement spontanĂ©ment la vaccination.
Le cabinet de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale reste aussi le lieu de vaccination prĂ©fĂ©rĂ© (54 %). La pharmacie est perçue par 24 % comme un canal complĂ©mentaire utile et 10 % jugent quâun centre de vaccination convient.
Pour la plupart des rĂ©pondants (72 %), le coĂ»t des vaccins ne joue pas de rĂŽle -Ă cette rĂ©serve prĂšs que les membres de Neos ne sont pas reprĂ©sentatifs de lâensemble de la population.
« Le prochain avis du CSS sur la vaccination contre la grippe sera prĂȘt plus tĂŽt »
Lâavis du Conseil supĂ©rieur de la SantĂ© (CSS) concernant la vaccination antigrippale pour lâhiver 2026-2027 sera prĂȘt au printemps 2026 - donc plus tĂŽt dans lâannĂ©e que lâavis pour la saison en cours, qui nâa Ă©tĂ© publiĂ© quâen juillet.
Le Dr Yves Van Laethem, infectiologue et prĂ©sident du CSS, reconnaĂźt que lâavis est arrivĂ© trop tard cette annĂ©e. La cause principale en Ă©tait une pĂ©nurie temporaire de personnel au sein du Conseil. Le contenu sâĂ©cartait en outre sensiblement des recommandations des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, notamment avec la nouvelle recommandation de vaccins renforcĂ©s (vaccins adjuvĂ©s ou hautement dosĂ©s) pour les 65 ans et plus. Selon Yves Van Laethem, lâavis pour la saison hivernale 2026-2027 sera prĂȘt selon le calendrier habituel, en mars 2026.
En commission SantĂ© de la Chambre, la dĂ©putĂ©e Irina De Knop (Open VLD) a soulignĂ© quâil nây avait pas suffisamment de vaccins renforcĂ©s pour vacciner tous les plus de 65 ans conformĂ©ment Ă lâavis du CSS. « Lâavis du Conseil supĂ©rieur de la SantĂ© nâa Ă©tĂ© publiĂ© quâen juin, alors que les commandes devaient ĂȘtre passĂ©es bien plus tĂŽt. Il nâa donc plus Ă©tĂ© possible de prĂ©voir des livraisons supplĂ©mentaires », a-t-elle dĂ©clarĂ©.
Dans sa rĂ©ponse, le ministre de la SantĂ© publique Frank Vandenbroucke a indiquĂ© que pour la saison grippale 2025-2026, 2.645.000 doses de vaccins antigrippaux seront disponibles, dont 235.000 vaccins renforcĂ©s et 2.410.000 vaccins âclassiquesâ. Il a reconnu que lâavis du CSS Ă©tait arrivĂ© trop tard pour la campagne de vaccination de cette annĂ©e.
« Les firmes planifient la production de leurs vaccins des mois Ă lâavance », a rappelĂ© le ministre. « Par ailleurs, les acteurs concernĂ©s - pharmaciens et autoritĂ©s locales notamment - ont lâhabitude de placer dĂšs dĂ©cembre ou janvier une prĂ©commande pour la saison grippale suivante. Cela aide les firmes Ă mieux Ă©valuer les besoins. »
M. Vandenbroucke a rappelĂ© que le Conseil supĂ©rieur de la SantĂ© est un organe indĂ©pendant, tout en ajoutant quâun avis plus prĂ©coce devrait bĂ©nĂ©ficier Ă lâensemble des acteurs.