Prix du Généraliste 2025: un TFE audacieux
Aujourd'hui médecin généraliste à Bruxelles et par ailleurs doctorante à l'UCLouvain, la Dre Kathrada, lauréate du Prix du Généraliste 2025, a exploré, pour son TFE, le vécu de patients adeptes du « chemsex » pour tenter de les comprendre et ainsi mieux cerner leurs attentes vis-à-vis des professionnels des soins de santé.
C'est un sujet singulier - et ô combien d'actualité puisque le dernier rapport de Sciensano montre une hausse des diagnostics de VIH chez les hommes, notamment ceux ayant des rapports avec d'autres hommes (HSH) -, que la Dre Naajiyah Kathrada a choisi comme thématique pour son travail de fin d'études en médecine (promotion 2023-2024).
« Le chemsex, c'est quoi ? C'est une fusion des termes ‘chem’, ou ‘chemicals’, et ‘sex’. C'est l'usage concomitant de drogues dans le but de faciliter et/ou d'intensifier les rapports sexuels », explique la jeune médecin à ses collègues réunis dans le cadre de la journée dédiée aux jeunes généralistes organisée par la SSM-J, à l'issue de la remise des Prix du Généraliste et du TFE le 22 novembre.
Comportements à risque
C'est en travaillant en planning familial que la Dre Kathrada a rencontré des patients qui s'intéressaient aux drogues comme le GHB/GBL, les cathinones et autre méphédrone (4MMC). « De nombreuses études ont montré que le chemsex augmente le risque de transmission des IST, du HIV, de l'hépatite B, notamment par slamming (drogues en IV), une baisse de l'observance thérapeutique (PrEP) lors des soirées, des troubles psychologiques et cardiovasculaires, des surdosages et comas, voire des décès », poursuit-elle.
« Il y a clairement un manque de connaissances en première ligne, mais comment définir notre rôle, en tant que généraliste, dans cette prise en charge particulière? » Via des entretiens semi-dirigés, la Dre Kathrada s'est plongée dans le vécu des chemsexeurs pour déterminer leurs attentes, difficultés et besoins en tant que patients. Il s'avère que souvent, c'est l'infectiologue qui les suit qui joue le rôle de médecin traitant, le généraliste, de par sa méconnaissance de cette culture particulière, perdant son statut de personne de confiance.
« C'est à nous de créer cet espace sécurisant, de s'informer, de se former ou, si on ne sait pas, d'écouter tout simplement », préconise la jeune femme.
Un outil contre les violences
La Dre Céline Vinel, lauréate du Prix de la SSM-J, est aussi partie d'une situation personnelle, vécue lors de son assistanat, pour décliner son TFE sur le thème des violences envers les généralistes. Quels sont les besoins pour les prévenir ? Comment les gérer sur le terrain? C'est sous la forme d'une croisière à la voile - « parce qu'elle a le pied marin » - que la jeune médecin a embarqué son auditoire pour présenter son TFE. Son étude par focus group (28 MG interviewés) a permis d'aboutir à un guide pratique « pour naviguer en eaux troubles ».