European Congress on Obesity
Le 32e European Congress on Obesity (Malaga, 11-14 avril 2025) a (naturellement) consacré beaucoup de temps aux nouvelles études sur les agonistes du récepteur GLP-1 dans le traitement de l'obésité. L'obésité est une maladie chronique et multifactorielle qui a de nombreuses conséquences sur la santé. Les nombreuses présentations ont fourni des informations intéressantes sur les mécanismes physiopathologiques et des nouvelles très importantes du point de vue de la santé publique.
La biodiversité alimentaire, un nouveau concept pour lutter contre la prise de poids
Bernard Srour, jeune professeur d'épidémiologie à l'INRAE (Institut National de Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement), a présenté une étude sur le lien possible entre la biodiversité alimentaire et l'obésité. Plusieurs études avaient déjà établi une corrélation entre la santé et la diversité alimentaire en termes de macro- et micronutriments et une alimentation "biologique".
Cette étude a examiné l'influence de la diversité alimentaire (origine animale, végétale ou autre). Pour donner un exemple simple, le lait de vache et la viande de bœuf sont des aliments issus de la même espèce animale.

Peu de biodiversité
La biodiversité des aliments est bénéfique pour la planète et rend l'homme moins dépendant d'un petit nombre d'espèces. En raison de la production agricole intensive, plus de la moitié de nos aliments d'origine végétale proviennent de quatre espèces seulement (riz, pommes de terre, maïs et blé), ce qui affecte les différents écosystèmes. À l'inverse, soutenir la biodiversité alimentaire peut contribuer au développement d'une agriculture et d'une culture durables.
La première étude prospective sur les avantages potentiels pour la santé d'une alimentation biologique diversifiée a été publiée dans l'European Journal of Cancer il y a moins d'un an(1) . Cette étude a été menée sur plus de 450 000 adultes dans neuf pays européens. Après un suivi médian de 14,1 ans, une corrélation négative a été établie entre la "richesse en espèces alimentaires" (DSR, Dietary Species Richness) et la mortalité globale ainsi que l'incidence du cancer gastro-intestinal.
Le groupe de Bernard Srour a utilisé les données de l'étude de cohorte française Nutrinet-Santé pour rechercher une corrélation entre la RDA et le surpoids et l'obésité. Cette étude de cohorte a débuté en 2009. Régulièrement, les participants sont invités à remplir des questionnaires pour des analyses prospectives. À partir des données des deux premières années, les auteurs ont calculé le nombre d'espèces différentes (c'est-à-dire le RSD) dans l'alimentation des participants. Dans l'analyse, ils n'ont pas inclus les données des patients ayant subi une chirurgie bariatrique, des patients suivant un régime restrictif et des patients ayant des antécédents de cancer.
DSR principalement à base de plantes
Actuellement, le suivi est de 15 ans. Les participants comprennent l'UGent. Un RSD élevé est corrélé à de multiples effets bénéfiques. Après ajustement en fonction de nombreux facteurs de confusion, l'incidence de l'obésité était inférieure de 18 % (risque relatif : 0,82) et l'incidence de l'obésité était inférieure de 26 % (RR : 0,74) chez les participants ayant un RSD plus élevé (quartile 4, c'est-à-dire au moins 40 espèces différentes) que chez ceux du quartile 1 (au plus 10 espèces). Les corrélations étaient linéaires. Après une analyse plus approfondie, les chercheurs ont constaté que les différences étaient dues à un plus grand nombre d'espèces végétales différentes et non au nombre d'espèces animales.
Explications possibles
Bernard Srour pense qu'une alimentation suffisamment riche en biodiversité combinée à une alimentation diversifiée pourrait contribuer à prévenir la prise de poids au fil des ans. Les explications possibles sont un apport plus important en composants alimentaires bénéfiques, notamment d'origine végétale, une synergie entre certains aliments, une moindre absorption de contaminants lors de la consommation d'une seule espèce, comme les résidus de pesticides, et un microbiome intestinal plus diversifié. Il est souhaitable de poursuivre les recherches pour élucider les mécanismes sous-jacents. Des recherches sur la corrélation entre les biomarqueurs de l'inflammation et le microbiome sont également souhaitables.
Références :
1. Huybrechts I et al. Food biodiversity and gastrointestinal cancer risk in nine European countries : analysis within a prospective cohort study. Eur J Cancer. 2024 Oct;210:114258. doi : 10.1016/j.ejca.2024.114258
2. Biodiversité alimentaire et variation de poids : associations dans une cohorte française. Bernard Srour, ECO 2025