5 millions de préparations magistrales en 2023

Un rapport de l’Inami indique que, globalement, on a enregistré un peu moins de 5 millions de magistrales remboursées et délivrées en officines publiques en 2023. Rien de nouveau sous le soleil. Sur 100 délivrances de médicaments, en moyenne 4,4 sont des préparations magistrales. Les généralistes en sont les plus friands (en volume) et les dermatologues (en proportion).
La préparation magistrale est plus qu’utile puisque certains produits ne sont tout simplement pas présents sur le marché sous forme de médicament. C’est donc parfois la seule alternative. Comme les médecins le constatent, la préparation magistrale permet également de varier le dosage en fonction du patient, de varier la forme galénique pour faciliter la prise par le patient (solution liquide à la place de comprimés), et d’associer plusieurs principes actifs. En outre, elle pallie le cas échéant certaines indisponibilités temporaires ou pas de spécialités pharmaceutiques sur le marché.
Autre avantage et non des moindres : le coût moyen des préparations en officine est inférieur à la moyenne des spécialités pharmaceutiques y délivrées (19 euros contre 34 euros) même si le traitement offert n’est évidemment pas comparable.
Une majorité de prescriptions occasionnelles
L’Inami constate que dans la majorité des cas, ces prescriptions sont occasionnelles. « Sur les 1,5 millions de patients ayant reçu une préparation magistrale en 2023, 51% n’en n’ont reçu qu’une seule. Environ 21% de ces patients ont reçu plus de quatre préparations magistrales. La liste des principes actifs remboursables dans le cadre des préparations magistrales évolue peu et il s’agit dans la plupart des cas de produits déjà fort anciens. » Le classement des 20 substances les plus utilisées reste en effet très stable depuis 2019. L’Inami observe cependant une hausse notable des préparations à base de Passiflorae Herbae Tinctura (+26 %, pour ses effets apaisants), et un net recul de la méthadone (-10 %) et des pansements (-35 %).
Les préparations magistrales représentent un budget de 77 millions euros par an pour l’assurance-maladie et 18 millions euros pour les patients.
25% des délivrances des dermatologues
Les dermatologues sont les plus gros prescripteurs proportionnels de préparations magistrales (25 % de leurs délivrances), majoritairement sous forme de pommades ou lotions, à base notamment de bétaméthasone, acide salicylique et érythromycine.
Les rhumatologues, adaptent principalement les dosages via les préparations magistrales. « L’acide folique est prescrit en complément d’une spécialité à base de méthotrexate. La prednisolone est surtout utilisée dans la polyarthrite rhumatoïde. Le carbonate de calcium est indiqué dans le traitement de l’ostéoporose. »
Chez les oncologues, les magistrales visent à atténuer les effets secondaires des traitements : carbonate de calcium, lidocaïne, corticostéroïdes sont fréquemment utilisés.
Les pédiatres exploitent cette forme galénique pour contourner les limites du marché pédiatrique : nystatine, néomycine et chlorure de sodium figurent parmi les substances les plus prescrites.
Les internistes, quant à eux, recourent au bicarbonate de sodium pour les patients atteints de troubles rénaux.
Chez les généralistes – qui prescrivent en volume la majorité des magistrales (71 %) – la variété est maximale : carbonate de calcium (ostéoporose), méthadone (toxicomanie), quinine (crampes), dexaméthasone et pansements dominent. À noter : les pansements dits “passifs” font encore partie du système, bien qu’une migration vers le statut de dispositifs médicaux soit envisagée.
