UCLouvain

Le cerveau perçoit mieux le rythme par le son que par le toucher

Une étude de Cédric Lenoir, du 'Rhythm and Brains Lab' de l’Institut des neurosciences de l’UCLouvain, montre que le cerveau humain traite différemment le rythme entendu et le rythme ressenti par le toucher. Les résultats, publiés dans The Journal of Neuroscience, révèlent que seul le son permet au cerveau de construire un véritable « battement interne », essentiel pour garder le tempo.

Grâce au beat

Pourquoi est-il naturel de suivre le rythme d’une chanson, mais quasi impossible de le faire aussi bien sur de simples vibrations ? Lorsqu’on écoute de la musique, le cerveau produit spontanément de lentes fluctuations rythmiques, qui correspondent au battement perçu: le 'beat'.

"C’est ce mécanisme qui nous permet de taper du pied, hocher la tête ou danser en rythme", explique l'UCLouvain dans un communiqué. Pour savoir si cette capacité repose uniquement sur l’audition, des chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’UCLouvain ont enregistré l’activité cérébrale de volontaires exposés à des rythmes sonores ou tactiles. La manière dont les volontaires se synchronisaient quand ils étaient invités à taper du doigt sur ces différents rythmes a aussi été enregistrée.

Résultat : avec le son, le cerveau génère des fluctuations lentes et régulières qui correspondent au beat et facilitent une synchronisation stable. Avec le toucher, en revanche, le cerveau réagit à chaque vibration isolément, sans créer de lentes fluctuations dans son activité. Les participants se montrent alors moins précis, moins constants dans leur façon de suivre le rythme. Autrement dit, le son permet automatiquement au cerveau de penser le rythme, là où le toucher ne fait que le subir.

Le son permet automatiquement au cerveau de penser le rythme

Une découverte qui ouvre d'autres pistes

« La capacité à bouger en rythme est au cœur des interactions sociales humaines à travers la musique », explique Cédric Lenoir, de l’Institut des neurosciences. « Nos résultats suggèrent que cette compétence dépend étroitement des circuits cérébraux liés à l’audition. Nous cherchons maintenant à comprendre si une pratique musicale à long terme pourrait renforcer cette capacité via d’autres sens, ou si, en cas de perte auditive, le toucher peut prendre le relais. »

Les résultats de cette recherche menée au 'Rhythm and Brains Lab' de l’Institut des neurosciences s’inscrit "dans la tradition d’excellence de l’UCLouvain en neurosciences cognitives, où musique, mouvement et perception se rencontrent pour mieux comprendre les mécanismes du cerveau humain", conclut le communiqué.

En bref
Des neuroscientifiques de l’UCLouvain montrent que le cerveau humain crée spontanément un « battement interne » à partir du son, mais pas à partir du toucher, ce qui explique pourquoi nous suivons plus facilement le rythme d’une musique que celui de simples vibrations.
Cette découverte, publiée dans The Journal of Neuroscience, ouvre la voie à de nouvelles pistes pour comprendre le rôle de l’audition dans la coordination motrice, la pratique musicale ou encore la compensation sensorielle chez les personnes malentendantes.