Congrès EACS 2025
Cabotégravir-rilpivirine LA: les femmes sous la loupe du réel
Souvent sous-représentées dans les essais cliniques, les femmes vivant avec le VIH restent peu documentées quant à leur expérience des traitements injectables à longue durée d’action. Une sous-analyse de la cohorte RELATIVITY apporte de précieuses données en conditions de vie réelle sur l’efficacité, la tolérance et la persistance du CAB+RPV LA injectable au sein de cette population spécifique.
Dr Jean-Luc Schouveller
Avant switch: des femmes plus expérimentées, mais plus souvent concernées par des interruptions
Parmi les 3.203 personnes vivant avec le VIH inclues dans la cohorte RELATIVITY, 477 étaient des femmes, soit 14,9% de la population.
Celles-ci apparaissent plus expérimentées, avec un parcours thérapeutique plus long - 14 ans en moyenne - avant switch, contre 9 ans chez les hommes (p < 0,001), ainsi qu’une durée sous charge virale indétectable avant switch plus longue: 99 mois en moyenne, contre 81mois pour le groupe masculin (p < 0,001). Par contre, on constate que les femmes présentent des antécédents d’échecs virologiques avant switch plus fréquents que les hommes (7,3% vs 3,1%; p < 0,001).
Tolérance et persistance thérapeutique : un signal de différence entre les sexes
Si la durée médiane de suivi sous traitement injectable était légèrement plus courte chez les femmes (13,1 vs 14,1 mois), le taux d’arrêts définitifs du traitement antirétroviral injectable était près du double de celui observé chez les hommes (8,2 % vs 4,7 %, p < 0,003).
De plus, les interruptions pour cause d’effets secondaires indésirables touchaient plus fréquemment les femmes (1,9% vs 0,7%, p = 0,014), suggérant une tolérance légèrement moindre dans le groupe féminin.
Le taux d’échecs virologiques sous CAB+RPV LA injectable restaient faibles et comparables dans les deux groupes : 1,3% chez les femmes, contre 0,7% chez les hommes (p = 0,266). L’analyse de la survie (Kaplan-Meier) ne révélait aucune différence significative entre les deux groupes.
Il est plus que jamais essentiel de prendre en compte le genre dans la gestion des thérapies antirétrovirales injectables à longue durée d’action.
Bien que les femmes vivant avec le VIH ayant switché vers CAB+RPV LA injectable présentaient un profil plus chargé en termes de comorbidités (16,6% vs 10,2% chez les hommes, principalement diabète et pathologies rénales) et de prévalence du SIDA (17,4% vs 11,6%), les résultats observés ne montrent pas de risque plus élevé d’échecs virologiques par rapport aux hommes après passage vers un traitement injectable à longue durée d’action. Par contre, le taux d'arrêt apparaît, lui, plus élevé chez les femmes.
Un profil à surveiller, sans alarmer
Ces résultats confirment, d’une part, l’efficacité équivalente du cabotegravir–rilpivirine LA injectable chez les femmes, mais soulignent d’autre part un besoin accru de vigilance clinique quant à la tolérance et à la persistance du traitement.
La principale conclusion de cette analyse en conditions de vie réelle est qu’il est plus que jamais essentiel de bien prendre en compte le genre dans le cadre de la gestion des thérapies antirétrovirales injectables à longue durée d’action.
Réf: Galindo Puerto M.J. et al. Abstract RO3.7, EACS 2025, Paris.
