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Campagne pour encourager le don d'organes

Six clics pour sauver des vies

En Belgique, tout le monde est automatiquement considéré donneur d'organes, à moins qu'une objection formelle ne soit enregistrée avant le décès. Une bonne solution en théorie, mais la pratique est souvent moins poétique. Trop souvent, après un décès, un proche, sous le coup de l'émotion, s'oppose au don d'organes. Une campagne de la Société belge de transplantation vise à changer cette situation.

BTS Campaign

La législation belge sur le don d'organes repose sur le consentement présumé : tout Belge adulte est automatiquement considéré comme donneur, à moins qu'il n'ait fait part de son opposition au don. Les médecins sont légalement tenus de vérifier après un décès si une opposition a été introduite. Si ce n'est pas le cas, le défunt est en principe considéré donneur d'organes. « Mais ce n'est pas si simple », explique le Pr Eric Hoste, président de la Société belge de transplantation (BTS). « Après un décès, nous avons toujours une conversation avec la famille du donneur potentiel. Nous cherchons à savoir ce que le défunt aurait pensé du don d'organes. »

« Nous constatons que le don d'organes n'est pas souvent envisagé au préalable, avant le décès », observe le Pr Hoste. « Il y a un manque de clarté quant à la volonté du défunt. Prévaut alors ce que j'appelle 'l'approche prudente'. Dans le doute, la famille repousse le don. Souvent, il arrive aussi que les avis divergent au sein d'une même famille. Si un membre suggère que le défunt n'était peut-être pas favorable au don d'organes, il devient difficile d'inverser la tendance. »

Refus

L'initiative de la BTS - notamment l'affiche qui accompagne cette édition du journal du Médecin - veut agir sur cette problématique. « Si, au cours d'une conversation, nous pouvons démontrer à la famille que le défunt avait explicitement indiqué qu'il voulait être donneur d'organes, nous pouvons apaiser les tensions. De plus, cela permet d'atténuer le stress à un moment très éprouvant. Nous pouvons calmement informer la famille des dernières volontés du défunt. »

Ce n'est pas un hasard si la BTS lance cette campagne à ce moment précis. « Nous constatons que les coordinateurs de transplantation enregistrent de plus en plus souvent des refus de la part de membres de la famille. Il est possible qu'une partie de cette augmentation soit liée à un meilleur enregistrement des volontés. Cependant, suite à la crise covid, nous constatons également une diminution de la confiance en la médecine. De la même manière que les patients refusent de plus en plus souvent les vaccins, ils s'opposent de plus en plus souvent aux dons d'organe. »

L'Europe au sommet

Bien qu'il y ait un besoin constant de donneurs d'organes, la Belgique n'est pas si mal placée à l'échelle européenne. « Par million d'habitants, nous comptons 31 donneurs », précise le Pr Hoste. « Parmi les pays qui font partie d'Eurotransplant, seule la Croatie a un score similaire. Les Pays-Bas en comptent 20 par million d'habitants, l'Allemagne 11 et le Luxembourg seulement 9. La moyenne de tous les pays membres d'Eurotransplant est de 15 donneurs par million d'habitants. » L'Espagne, qui ne fait pas partie d'Eurotransplant, remporte la palme avec 47 donneurs par million d'habitants.

Ce nombre élevé de donneurs en Belgique est probablement possible grâce à notre système d'opt-out. En outre, il existe déjà un registre national dans lequel chaque Belge peut enregistrer son choix pour (ou contre) le don d'organes. En 2010, il y avait encore davantage d'enregistrements négatifs (188.504) que positifs (104.992). En 2013, le registre a enregistré pour la première fois plus d'enregistrements positifs que négatifs, et l'écart n'a cessé de se creuser depuis. En 2024, un peu moins d'un demi-million de Belges (498.134) ont déclaré vouloir être donneurs d'organes, tandis que 211.431 compatriotes s'y sont catégoriquement opposés. Un grand pas a été franchi entre 2017 (265.936) et 2018 (348.627), probablement en lien avec une campagne menée auprès du grand public. « À l'époque, les craintes que la campagne augmente aussi fortement le nombre d'inscriptions négatives ne se sont pas concrétisées », explique le Pr Hoste, qui espère que la nouvelle campagne aura un effet similaire.

Pour le professeur Hoste, la salle d'attente d'un médecin, généraliste ou spécialiste, est l'endroit idéal pour mener cette campagne, et ce pour plusieurs raisons. « Que font les patients lorsqu'ils sont assis dans une salle d'attente ? Ils regardent leur smartphone. Nous leur offrons maintenant la possibilité de scanner immédiatement le code QR et de s'enregistrer. De plus, l'affiche facilite la conversation avec le médecin sur le sujet. »

Les greffes d'organes en chiffres

- L'année dernière, la Belgique a compté 371 donneurs qui ont fait don d'au moins un organe ;
- Les greffes de rein ont été les plus fréquentes dans notre pays en 2024 (523), suivies par les greffes de foie (354), de poumons (108), de cœur (85) et de pancréas ;
- En 2024, 1.082 greffes ont été réalisées en Belgique ;
- En 2024, 1.470 personnes étaient inscrites sur la liste d'attente pour une greffe d'organe en Belgique, soit 14 % de plus qu'en 2015 : 1.203 patients en attente d'un rein, 135 d'un foie, 70 d'un poumon, 66 d'un cœur et 37 d'un pancréas.

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Écrit par Filip Ceulemans19 novembre 2025

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