Manifestation parapluie du 16 novembre
Lettre ouverte de l'Union belge des prestataires de soins au ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke
Monsieur le Ministre,
Monsieur Vandenbroucke,
La Belgique a longtemps pu se féliciter de disposer d’un système de santé parmi les meilleurs au monde accessible, solidaire, de qualité et fondé sur la confiance entre patients, soignants et institutions. Aujourd’hui, cette confiance est profondément ébranlée.
Vos réformes, présentées comme des mesures d’efficience, traduisent une approche essentiellement comptable et centralisée de la santé. Les coupes budgétaires, les restrictions administratives et la réduction de la liberté thérapeutique menacent directement la qualité des soins, l’indépendance médicale et la motivation des professionnels.
Vous êtes ministre de la Santé, pas ministre de l’économie de la santé. Le secteur médical peut être plus efficient, oui, mais cela exige du temps, du dialogue et une vision à long terme. Une réforme équilibrée et concertée ne se décrète pas : elle se construit, patiemment, avec les acteurs du terrain.
Les concertations menées jusqu’à présent n’en sont pas. Trop brèves, trop formelles, elles ne permettent ni débat, ni co-création. De surcroît, certaines décisions ont été engagées sans base légale claire, plaçant les prestataires dans une insécurité institutionnelle inacceptable.
Nous ne refusons pas la réforme, mais nous refusons qu’elle soit imposée sans écoute ni respect. Nous demandons une réforme moderne, humaine et durable, élaborée avec les associations professionnelles et les représentants du monde médical. Une réforme efficiente doit s’inscrire dans un horizon de cinq à dix ans, afin de garantir cohérence, transparence et pérennité. Votre vision court-termiste, idéologique et électoraliste met en péril l’équilibre de notre modèle de santé et fragilisera les générations futures.
Votre vision court-termiste, idéologique et électoraliste met en péril l’équilibre de notre modèle de santé et fragilisera les générations futures.
Si votre politique se poursuit dans cette direction, les conséquences seront inévitables : une démotivation profonde des soignants, une fuite croissante des prestataires vers l’étranger ou d’autres secteurs, la fermeture de nombreux cabinets médicaux, un allongement des délais d’attente pour les patients, et, à terme, une baisse de la qualité et de la sécurité des soins. Ce n’est pas ainsi qu’on prépare l’avenir d’un système de santé solidaire.
La confiance entre le monde médical et votre ministère est aujourd’hui rompue. Vous ne représentez plus les valeurs essentielles qui fondent notre mission : l’écoute, l’empathie et la relation de confiance. Ces valeurs, qui guident chaque acte de soin, devraient inspirer chaque décision politique.
Si vous persistez à poursuivre votre ligne de conduite de manière unilatérale, d’autres actions fortes seront inévitables.
La mobilisation parapluie du dimanche 16 novembre témoigne de la détermination du corps médical à défendre la liberté thérapeutique et l’éthique du soin. Si vous persistez à poursuivre votre ligne de conduite de manière unilatérale, d’autres actions fortes seront inévitables. Elles ne seront pas menées par esprit de confrontation, mais par devoir moral et professionnel, pour protéger nos patients et préserver la mission qui nous anime.
Monsieur le Ministre, la santé publique n’est pas un marché. Elle repose sur l’humain, sur la confiance, sur la solidarité et sur la responsabilité partagée entre ceux qui soignent et ceux qui gouvernent.
Il est encore temps de changer de cap, d’écouter le terrain et de remettre la santé au cœur des décisions, non comme une dépense à maîtriser, mais comme une valeur collective à préserver.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre profond attachement à un système de santé juste, solidaire et respectueux de celles et ceux qui le font vivre au quotidien.
L’Union belge des prestataires de soins (UBPS)
Représentant l’ensemble des professions de santé : médecins, dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes, logopèdes, psychologues, diététiciens, ergothérapeutes, podologues, ...