La charge de la contraception repose encore majoritairement sur les femmes

15 mai 2025 - Une étude de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes sur les pratiques contraceptives montre que si notre pays fait figure de bon élève en matière d’accès à la contraception, la charge repose encore majoritairement sur les femmes. Tant les femmes que les hommes interrogés dans le cadre de cette étude expriment leur volonté de mieux partager cette responsabilité, et soulignent également le besoin urgent d’une information plus complète, correcte et accessible, en particulier à travers l’école, les médias et les professionnels de la santé.
Cette étude sur la perception de la contraception en Belgique montre que les hommes et les femmes souhaitent un changement de mentalité. La prévention des grossesses non désirées incombe encore principalement aux femmes, alors qu’elle devrait être une responsabilité partagée. "Cette charge de la contraception a des conséquences physiques, financières et parfois psychologiques qui pèsent essentiellement sur les femmes", constate l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. En outre, la contraception reste encore et toujours un sujet tabou: peu de couples en parlent et le sujet n’est guère abordé dans les conversations quotidiennes.
Des méthodes aussi pour les hommes
La contraception est intrinsèquement liée à l’intégrité physique et au droit à l’autodétermination des femmes. Il est donc aussi logique que de nombreuses femmes veuillent en garder le contrôle, et en particulier dans les relations de courte durée.

Dans les longues relations, les femmes comme les hommes sont plus ouverts à une meilleure répartition de la responsabilité et de la charge que la contraception implique souvent. « Malheureusement, les options dont disposent les hommes pour assumer efficacement une partie de cette charge restent limitées. Le préservatif n’est pas très prisé chez les jeunes, et la vasectomie souffre encore d’une image négative - elle mériterait d’ailleurs une véritable campagne d’information. Il est donc essentiel de développer les méthodes contraceptives masculines. Du côté des femmes, la contraception doit aussi être améliorée, car il y a peu de méthodes non hormonales fiables et de nombreux contraceptifs s’accompagnent encore d’inconvénients physiques ou psychologiques », explique Michel Pasteel, directeur de l’Institut.
Toujours un parcours d’obstacles... et encore des doutes
Trouver une contraception adaptée n’est pas toujours une promenade de santé. "Il s’agit d’un processus très personnel, qui varie en fonction de la phase de la vie, du mode de vie, des préférences personnelles, de l’impact financier, etc.", souligne le rapport. De plus, il existe peu d’options sans inconvénients ou sans hormones.
De nombreuses femmes s’inquiètent à propos des hormones ou craignent la douleur associée à certaines méthodes. Et beaucoup d’informations erronées circulent sur les réseaux sociaux. Cette désinformation peut entamer la confiance envers les médecins généralistes. Certaines femmes estiment ne pas recevoir suffisamment d’explications sur les différentes options qui s’offrent à elles et se sentent trop peu reconnues comme des interlocutrices actives. « Il ressort également des discussions avec de jeunes médecins qu’il n’existe pas de directives claires à l’intention des médecins sur la meilleure manière d’aborder une consultation concernant la contraception. Les médecins sont favorables à l’élaboration de directives qui tiennent compte non seulement des contre-indications médicales, mais aussi du mode de vie et des préférences des patientes.», poursuit Michel Pasteel.
Informer dès l'école
Les hommes sont plus nombreux que les femmes à estimer qu’il est nécessaire d’aborder ce sujet à l’école, d’une part car cette thématique n’est pas abordée dans tous les foyers, et d’autre part parce que l’école permet de l’aborder de manière fiable et complète, sur la base de connaissances scientifiques.
Les médias peuvent également contribuer au débat en parlant de la contraception de manière correcte et nuancée et en ne ciblant pas uniquement les filles et les femmes, mais aussi les garçons et les hommes.
L’étude montre que les informations sur la contraception doivent être fournies plus tôt, plus souvent et de manière plus complète.
Et Michel Pasteel de conclure : « Il est essentiel d’aborder ce sujet à l’école car nous ne savons pas si chacun peut l’aborder à la maison et si les informations reçues sont correctes. Aujourd’hui, certaines personnes s’opposent à quelques heures d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle en classe, alors que cela contribue à prévenir les grossesses non désirées et donc à promouvoir la santé des filles et des femmes. »