Congrès EACS 2025
Étude CLARITY: acceptabilité, préférence et tolérance locale du cabotégravir et du lénacapavir après une injection unique
Lors du 20e congrès de l’EACS (European AIDS Clinical Society), la présentation, en première mondiale, des résultats de l'étude randomisée en cross over CLARITY ont apporté un éclairage très attendu sur la tolérance locale, l’acceptabilité des injections et les préférences entre deux antirétroviraux à longue durée d’action, le cabotégravir en IM d’une part et le lénacapavir en SC d’autre part, après administration d’une dose unique de chaque molécule à des participants non infectés par le VIH.

CLARITY: évaluer l'expérience patient et soignant
L'avènement des antirétroviraux injectables à action prolongée a transformé la prise en charge du VIH en offrant une alternative aux traitements oraux quotidiens.
Cependant, les réactions au site d'injection et l'acceptabilité des injections par les patients restent des critères décisifs dans le choix thérapeutique, mais non encore évalués dans le cadre d’essais cliniques comparatifs.
Chose faite à présent avec l’étude CLARITY, premier essai à comparer directement et après l’administration d’une dose unique de chaque traitement, l'acceptabilité des injections, la tolérance et les préférences entre le cabotégravir IM et le lénacapavir SC.
Un design croisé pour une comparaison rigoureuse
L’étude CLARITY a inclus 63 adultes non porteurs du VIH. L’âge moyen des participants était de 48 ans, 33% étaient des femmes et l’IMC moyen de 27. Ces participants ont été randomisés pour recevoir, chacun, une dose unique de CAB IM puis, après une période de wash out, de LEN SC ou l'inverse puisqu’il s’agissait ici d’une étude en cross over.
Les critères d'évaluation portaient sur :
- L'acceptabilité locale (questionnaire PIN à J7);
- La fréquence, la sévérité et la durée des réactions au site d’injection (évaluées par les investigateurs);
- Les préférences des participants et des soignants après administration des deux traitements.
Une préférence marquée pour le cabotégravir
Concernant l’acceptabilité des injections, on constate que 75% des participants ont considéré les injections IM de cabotégravir tout à fait ou très acceptables. Ils n’étaient que 57% pour considérer les injections SC de lénacapavir comme tout à fait ou très acceptables.
Concernant maintenant les préférences personnelles, on observe qu’après avoir reçu les deux types d’injections, 90% des participants et 86% des soignants ont exprimé une préférence pour le cabotégravir, VS 10% et 14% respectivement pour le lénacapavir.
Concernant enfin la tolérance locale, les résultats obtenus montrent que les réactions au site d’injection ont été significativement plus fréquentes et visibles sous lénacapavir:
- Induration: 86% (LEN) vs 21% (CAB);
- Nodules : 74% (LEN) vs 18% (CAB);
- Érythème : 58% (LEN) vs 10% (CAB);
- Gonflement : 57% (LEN) vs 34% (CAB);
- Nombre total de réactions au site d’injection rapportées: 540 événements pour le lénacapavir, vs 117 pour le cabotégravir;
- Nombre de réactions au site d’injection visibles: 229 événements pour lénacapavir, vs 40 pour cabotégravir;
- Aucun événement indésirable grave n'a été rapporté.
Limites de l’étude
L’étude CLARITY ne permet pas d'évaluer l'efficacité virologique à long terme, ni la tolérance après des injections répétées. Des études complémentaires seront donc nécessaires pour confirmer ces résultats sur des cohortes plus larges et plus diversifiées, notamment chez les personnes vivant avec le VIH.
Vers un choix thérapeutique éclairé
Pour la pratique quotidienne, ces données issues de l’étude CLARITY confirment qu’après injection d’une dose unique, le cabotégravir se révèle mieux toléré localement, mieux accepté et est préféré par une majorité de patients et de soignants, ce qui participe au renforcement de la place du cabotégravir associé à la rilpivirine à longue durée d’action comme traitement de première intention pour les patients stables.
Il est important aussi de préciser que les résultats de l’étude CLARITY apportent aux cliniciens des données objectives pour discuter avec leurs patients des avantages et inconvénients des traitements injectables: tolérance locale mais aussi fréquence des injections, autant d'arguments solides pour adapter la pratique journalière à l'innovation thérapeutique, en plaçant l'expérience patient au cœur de la décision thérapeutique.
Réf: Boles J. et al. MeP20.4. LB, EACS 2025, Paris.
