Sciensano
Les Belges consomment moins d’antibiotiques, mais c'est encore de trop...
Si la consommation globale d’antibiotiques en Belgique a diminué de 14% en dix ans, des actions ciblées demeurent nécessaires dans les hôpitaux et les soins ambulatoires pour préserver l'efficacité de ce type de traitement, tempère Sciensano.
Entre 2014 et 2023, la consommation d’antibiotiques, chez nous, a globalement baissé de 14%. Elle demeure cependant supérieure à la moyenne européenne.
À rythme inchangé, la Belgique n’atteindra pas l’objectif de diminution fixé par l’UE pour 2030, à savoir 17,5 doses journalières définies (DID) d’antibiotiques pour 1.000 habitants par jour. En 2023, les Belges en consommaient en moyenne 20,6 DID, soit 17,7% de plus que l’objectif européen.
"Des actions ciblées, dans les hôpitaux et en ambulatoire, sont nécessaires pour diminuer leur utilisation et promouvoir une prescription responsable, en particulier des antibiotiques à large spectre. Une utilisation excessive ou non spécifique peut accélérer la résistance aux antibiotiques, que l’OMS considère comme une menace majeure pour la santé publique", souligne Sciensano.

Des disparités entre hôpitaux
Les patients hospitalisés ont souvent besoin de traitements complexes, parfois uniquement disponibles à l’hôpital, y compris des antibiotiques dits de dernier recours.
"Leur utilisation requiert une vigilance particulière", rappelle Sciensano. "Une mesure spécifique à cette population montre que la consommation d’antibiotiques en milieu hospitalier a augmenté de 15% en dix ans, alors que la consommation globale diminue. Cette hausse reflète, entre autres, une concentration de traitements intensifs sur des séjours hospitaliers plus courts."
Des différences importantes existent entre hôpitaux, selon la complexité des cas traités et le type de soins prodigués. Les hôpitaux tertiaires - qui traitent les patients les plus fragiles et les infections les plus complexes - sont les plus gros consommateurs d’antibiotiques, notamment aux soins intensifs. "Ils ont toutefois réduit leur consommation (-13,7%) sur la période étudiée, ce qui montre que des efforts sont possibles même dans des contextes cliniques complexes"
À l’inverse, les hôpitaux primaires et secondaires, qui traitent une patientèle plus large et des infections moins complexes, ont vu leur consommation légèrement augmenter (+13,6% et +8,4%).
"L’harmonisation des pratiques entre hôpitaux pourrait contribuer à améliorer l’usage des antibiotiques", suggère Sciensano.
Soins ambulatoires: une baisse encore insuffisante
La consommation d’antibiotiques en ambulatoire a diminué de 14% sur la période étudiée.
Cette baisse a été particulièrement marquée en 2020, avant de connaître un rebond progressif, puis une stabilisation en 2023 (mais à un niveau toujours supérieur à la moyenne européenne).
En 2023, les femmes ont consommé plus d’antibiotiques que les hommes (+38%). Parmi les personnes âgées (65+), celles vivant en maison de repos consomment en moyenne deux fois plus d’antibiotiques, avec des traitements plus longs et plus larges.
Annuellement, près de 80% de la consommation ambulatoire est prescrite par les médecins généralistes et les dentistes.
Fluoroquinolones et amoxicilline seule dans le viseur
Deux groupes d’antibiotiques sont au cœur des objectifs belges visant à réduire l’utilisation des antibiotiques dans les soins ambulatoires.
- L’utilisation des fluoroquinolones, un groupe d’antibiotiques à large spectre réservé pour des infections bactériennes graves, doit descendre à 5% de la consommation totale. Si leur consommation a nettement diminué en dix ans (de 11,4% à 6,5%), celle-ci reste supérieure à l’objectif fixé.
- L’utilisation de l’amoxicilline seule, utilisée notamment pour des infections des voies respiratoires ou urinaires, à spectre étroit et recommandée pour limiter la résistance, a légèrement progressé par rapport à sa combinaison avec un inhibiteur de résistance (amoxicilline + l’acide clavulanique). Cependant, elle représente aujourd’hui environ la moitié des traitements à base d’amoxicilline, loin de l’objectif national fixé à huit cas sur dix.