Nomadisme médical
Pas beaucoup de statistiques disponibles
Le phénomène du shopping ou nomadisme médical n’est pas très documenté. Le 5 novembre dernier, à la Chambre, le député MR Anthony Dufrane, a demandé que Frank Vandenbroucke l’éclaire un peu.
Le ministre a reconnu la réalité du phénomène – elle ne fait aucun doute. Mais il avoue disposer de peu de chiffres. Toutefois, « des contrôles ciblés ont permis d’identifier 388 patients soupçonnés de nomadisme entre décembre 2021 et juin 2024 pour les médicaments à base de sémaglutide (Ozempic, Rybelsus). Un cas extrême a été cité par l’Inami (plus précisément le Service d’évaluation et de contrôle médicaux, NDLR): un seul patient a visité 246 pharmacies et obtenu 632 prescriptions auprès de 6 médecins différents en deux ans et demi !
Le SECM a listé les molécules les plus susceptibles d’entraîner certains patients à butiner d’une pharmacie à l’autre et voir plusieurs médecins :
-Analgésiques morphiniques
-Psychostimulants (méthylphénidate)
-Prégabaline (Lyrica), dite “drogue du pauvre”
-Sémaglutide (Ozempic), très recherché pour la perte de poids
-Traitements anti-HIV, entièrement gratuits pour le patient
« La gratuité et le remboursement partiel seraient des facteurs aggravants : ils permettent la revente avec bénéfice ou l’usage détourné sans coût direct pour l’acheteur », précise le ministre.
Un coût impossible à chiffrer précisément
Il n’y a toutefois, selon le ministre, aucune estimation globale fiable. On ne dispose que du cas par cas.
Quant aux e-prescriptions via carte d’identité, elles devraient permettre de prévenir le shopping médical. Mais le système n’est pas encore infaillible. Vols de carte d’identité et usurpation d’identité compliquent la donne.
Le ministre compte sur la vigilance des pharmaciens et des médecins. On réfléchit à « un compteur généralisé dans les logiciels des pharmaciens et médecins, afin de visualiser en temps réel le nombre d’emballages délivrés à un patient ».
Bref : à l'heure de l'esanté et de l'intelligence artificielle, il semble qu'objectiver le shopping médical soit une gageure.