L’Absym en état de choc
Le Journal du Médecin a été reçu en exclusivité par le Dr Patrick Emonts, nouveau président de l’Absym, et le Dr Stan Politis. Leur constat est sans appel : les économies imposées par le Conseil général de l’Inami – en réalité le gouvernement – constituent l’un des plus grands chocs subis par les soins de santé depuis des décennies.
Même si les électeurs Vooruit et la Mutualité chrétienne se réjouissent des mesures d’économies sur la médecine, selon l’Absym, ces coupes linéaires qui rappellent les années 90 ne sont ni EBM ni “appropriate care”, ignorent le dialogue social et affaiblissent simultanément la qualité, l’accessibilité et l’efficience – pourtant les trois promesses du gouvernement Arizona. Derrière l’attaque sur les honoraires médicaux, c’est toute l’économie des hôpitaux, en substance financée par les prélèvements sur ces honoraires, qui vacille.
Les têtes pensantes de l’Absym dénoncent un passage en force budgétaire à court terme, mû par une logique électorale, alors que la profession plaide depuis plus de dix ans pour une réorganisation intelligente des soins, basée sur l’efficience et la lutte contre les actes inappropriés.
La « lettre de mission » du ministre, appel au dialogue transformé en 16 pages purement prescriptives, a réduit la concertation à peau de chagrin : tout est déjà décidé. Résultat : baisse généralisée des tarifs, pression accrue sur certaines spécialités (orthopédie, imagerie, biologie clinique…), remise en cause de l’aide opératoire et érosion programmée de la médecine extrahospitalière.
Pour les Drs Emonts et Politis, le ministre “met à mort l’ambulatoire”, indispensable à la prévention et au désengorgement hospitalier. Si l’extramural devient invivable, les médecins basculeront vers le privé… ou arrêteront.
Le syndicat prévient : on risque de fabriquer une médecine défensive, de casser l’attractivité des carrières et de menacer la continuité des soins, déjà fragilisée.
Le dernier levier politique ? L’accord Medicomut de fin d’année. « Nous ne souhaitons pas parler de grève, mais rien n’est impossible », confie l’Absym, qui rappelle représenter 60 % des médecins. « Ne cassez pas un système que 63 % des citoyens jugent encore très bon », adresse le Dr Emonts. Il faudrait pour cela à l’Arizona quelques minutes de courage politique...
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