Collège de médecine générale
Interdiction des prescriptions de CT-scan lombaire par les MG: inacceptable !
Les organisations membres du Collège de médecine générale (CMG) s’opposent à l’interdiction des prescriptions de CT-scan lombaire par les médecins généralistes décidée par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. Cette mesure "nie le rôle de première ligne de soins et décrédibilise la profession de généraliste".
Si les organisations membres du CMG (Collège de médecine générale: SSMG, GBO, Absym, FAGW, FAMGB, UCLouvain, ULB, ULiège, UNamur et AMGF) sont conscientes de la nécessité d’améliorer les prescriptions d’imagerie médicale pour diminuer l’exposition des patients aux rayons, ainsi que le budget qui y est consacré, elles demandent que la restriction de volume sur l'imagerie médicale soit "établie sur base de critères scientifiques, médicaux et
organisationnels, et élargie à tous les prestataires généralistes et spécialistes, en tout lieu: ambulatoire,
institutionnel, hospitalier, salle d’urgence".
De fausses économies à terme
Une interdiction pure et simple de la prescription par les généralistes ne fera "qu’aggraver le goulot d’étranglement de l’accessibilité aux soins existant entre la première et les deuxième et troisième lignes de soins, déjà saturées", s'inquiète le CMG dans un communiqué. Et ce, avec le risque d’augmenter les listes d’attente pour une IRM.
Pour le CMG, cette mesure est incompatible avec des soins adéquats: le rôle de la médecine générale est bien de prendre en charge les douleurs lombaires en première ligne.
"De plus, dans le contexte actuel de pénurie de prestataires, nous ne jouissons pas de trajets de soins fluides entre les lignes de soins." Une des raisons des prescriptions de CT-scan lombaire par les généralistes est le manque de disponibilité des examens par résonnance, tant en termes de délais que de lieu. "Nous savons que les généralistes prescrivent majoritairement ces deux examens: 48%, selon certaines estimations", ajoute le Collège.
Les sommes dépensées pour ces deux examens prescrits par les généralistes dépasseraient les 40 millions d'euros. "Mais si on réalise des économies dans un premier temps [avec ces mesures] à court terme, on risque de porter préjudice à la qualité des soins suite à des retards de prise en charge par le renvoi des patients vers d’autres spécialistes, déjà surchargés, ou en salles d’urgence, avec, in fine, un effet délétère tant sur la santé des patients que sur celle du budget santé", prévient le CMG.
Il est impératif de détecter les prestataires les plus prescripteurs et, parmi eux, les véritables responsables d’abus ou d’excès plutôt que de « tirer sur l’ambulance » en contraignant toute la profession.
D'autres voies possibles
Les membres du Collège sont d’avis de limiter l'accès au CT-scan et à la RMN au strict nécessaire, en
suivant au mieux les recommandations de bonnes pratiques de la Société belge de radiologie et proposent un schéma d'indication qui serait inséré dans la prescription électronique de l'imagerie.
Par ailleurs, le Collège propose:
- D'avancer sur le dossier radiologique individuel des patients reprenant les doses cumulées de rayons tout au long de leur vie et d'indiquer la dose de RX sur chaque protocole en rappelant leur dangerosité et le pourcentage de cancers radio-induits;
- De recourir à la « consultation de radiologie » entre médecin prescripteur et radiologue pour évaluer le meilleur examen dans certains cas;
- De différencier l’activité des généralistes en ambulatoire de première ligne de celle des MG en institutions/ salles d’urgence, par exemple via une case à cocher ("ambulatoire", "urgences", "hôpital universitaire") + une case qui stipulerait que "l’examen est demandé à l'initiative du patient, malgré les discussions menées en consultation, relative à son inutilité".
- De développer des mesures complémentaires, notamment pour sensibiliser les citoyens sur l'imagerie, les antibiotiques, la biologie ("plus de soins" ne veut pas dire "meilleurs soins").
Les MG, "boucs émissaires"
"Cette mesure serait-elle un pas vers de nouvelles restrictions sacrifiant la profession de généraliste, la qualité des
soins et la santé des patients sur l’autel du budget ?", s'interrogent les membres du CMG, pour qui cette mesure, inacceptable, traduit une "méfiance grandissante envers la médecine générale", qui devient un "bouc émissaire".
Et de rappeler que les MG, au quotidien, sont amenés à gérer les conséquences médicales de problèmes qui ne sont pas de leur fait: malbouffe et sédentarité, mauvaises conditions de travail, anxiété et dépression...