Conférence IAS 2025
PrEP : MK-8527, une alternative attractive aux injections
Mise sur orbite d’une PrEP orale mensuelle suite à la présentation, lors de l’IAS 2025, des résultats prometteurs d’une étude de phase II multicentrique, et réalisée en double aveugle, évaluant la sécurité d’emploi et la pharmacocinétique d’un nouvel INTTI, MK-8527.
Le MK-8527 appartient à la famille émergente des inhibiteurs nucléosidiques de la translocation de la transcriptase inverse (INTTI).
Ces molécules combinent deux mécanismes : elles bloquent le déplacement enzymatique et s’insèrent comme « briques défectueuses » lors de la réplication virale.
Cette double action pourrait constituer, dans un proche avenir, un changement de paradigme dans la prévention du VIH.

Un profil pharmacologique encourageant
L’essai a été conduit auprès de 350 volontaires adultes aux États-Unis, en Israël et en Afrique du Sud, présentant un risque faible à modéré de contracter une infection par le VIH : 60% était des femmes et l’âge moyen était de 28 ans.
Ils ont reçu des doses de 3, 6 et 12mg toutes les quatre semaines durant une période de six mois.
Les résultats du volet pharmacocinétique ont révélé que le MK-8527 atteignait en 24 heures des concentrations protectrices, lesquelles étaient maintenues pendant plus de 28 jours. Ce profil offre un bon délai d’environ une semaine en cas d’oubli, un atout notable par rapport aux schémas quotidiens.
Tolérance et sécurité
Le profil de sécurité est globalement apparu comparable au placebo.
Les effets secondaires les plus fréquents tels que maux de tête, nausées, fatigue se sont révélés généralement bénins ou modérés. Aucun cas d’infection par le VIH n’a été observé.
Il est important de noter que le nombre de lymphocytes en fin de suivi n’était pas significativement différent de celui observé lors de l’inclusion. Il est donc rassurant de constater que contrairement à son prédécesseur, l’islatravir, le MK-8527 n’a pas démontré de toxicité lymphocytaire préoccupante.
Une alternative aux avantages distincts et attendus
IAlors que l’attention médiatique s’est récemment portée sur la PrEP semestrielle injectable par lénacapavir, cette nouvelle option orale mensuelle présente des avantages distincts, intéressants et particulièrement bienvenus : attrait pour les personnes réticentes aux injections, réduction de la charge pesant sur les systèmes de santé, sans oublier son potentiel de diffusion hors cadre strictement médical.
Des enquêtes menées auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes aux États-Unis suggèrent d’ailleurs une préférence pour cette modalité d’administration par rapport aux options actuellement disponibles.
Vers des essais de phase III d’envergure
Sur la base de ces résultats, deux vastes essais cliniques de phase III destinés cette fois à évaluer l’efficacité de cette nouvelle option ont reçu le feu vert pour entamer leur recrutement.
Il s’agit de l’étude EXprESSIVE-10 qui inclura environ 4.600 jeunes femmes et adolescentes sexuellement actives vivant au Kenya, en Afrique du Sud et en Ouganda, et de l’étude EXPrESSIVE-11, qui recrutera environ 4.400 personnes à risque, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes transgenres et non binaires, dans 16 pays à partir de ce mois d’août 2025.
Ces études compareront l’efficacité et la tolérance du MK-8527 dans le cadre d’une PrEP orale mensuelle à la PrEP orale quotidienne classique.
Une option qui pourrait transformer la prévention
Jusqu’à présent, la PrEP à action prolongée était synonyme d’injections.
L’alternative orale mensuelle proposée par MK-8527 pourrait redéfinir la prévention, avec l’ambition de proposer une solution accessible, acceptable et adaptable à une grande variété de contextes.
Réf.: Mayer K. et al. Abstract OAS01061LB, IAS 2025, Kigali.