Le journal du médecin

Journée internationale des droits humains

"L'accès aux soins de santé en prison est gravement défaillant"

L'accès aux soins de santé en prison est gravement défaillant, en violation de la loi et des conventions internationales, dénoncent les bâtonniers à l'occasion de la Journée internationale des droits humains. Ils exigent le transfert de la compétence des soins de santé dans les prisons du SPF Justice vers le SPF Santé publique. Ils ont constaté de nombreux manquements en visitant les prisons du pays l'an dernier, une opération qu'ils rééditent ce 10 décembre.

Prison Lantin archivesDe façon générale, la population carcérale est déjà particulièrement vulnérable et à risque en matière de santé physique et mentale. "Il s'agit d'une population qui vit en moyenne 15 ans de moins que la population générale et qui nécessite donc beaucoup de soins médicaux", explique le Dr Brecht Verbrugghe, médecin pénitentiaire.

Environ 50% des détenus souffrent de troubles psychiatriques et près de 80% ont connu des problèmes de santé mentale à un moment donné de leur vie.

3,5 minutes par patient

Pourtant, la qualité des soins en prison demeure "largement insuffisante", alertent les avocats des différents barreaux. La surpopulation carcérale, avec 580 détenus dormant sur des matelas au sol fin novembre, aggrave le problème et favorise la propagation d'infections telles que la tuberculose, le VIH ou l'hépatite C.

De plus, le ratio entre le nombre de détenus et le personnel médical est totalement déséquilibré : certains praticiens voient jusqu'à 70 détenus en une séance de 4 heures, soit moins de 3,5 minutes à consacrer en moyenne à ces patients.

Les conditions dans lesquelles ils doivent recevoir leur patient, souvent la porte ouverte, avec parfois un codétenu ou un agent comme traducteur, rendent également difficile le respect du secret médical, de la vie privée et de l'intimité des détenus.

Un psychiatre pour 5.000 détenus

Par ailleurs, les détenus souffrant de troubles psychiques ne reçoivent pas non plus un encadrement adapté. En juin 2025, les prisons belges comptaient plus de 1.000 personnes internées, contre 587 en 2019. Faute de places, elles sont détenues dans des établissements pénitentiaires qui ne sont pas adaptés à leurs pathologies.

Selon Unia et le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP), la situation est "catastrophique". D'après l'Organisation mondiale de la santé, la Belgique ne comptait qu'un psychiatre pour 5.000 détenus en 2020, contre une moyenne européenne de 6,5.

"Les prisons, déjà surpeuplées, aggravent les troubles psychiatriques des internés. Les rapports soulignent qu'à leur libération, la première année en institution psychiatrique est souvent consacrée à réparer le traumatisme du séjour en prison", notent les bâtonniers.

Cette situation met à mal la réinsertion des anciens détenus dans la société et augmente le risque de récidive, estiment encore les avocats. Ils pointent également un manque de communication efficace entre les prisons et le monde extérieur.

"Il y a une absence de continuité des soins avec une communication entre le dedans et le dehors très difficile, occasionnant des interruptions injustifiées de prise en charge du fait d'une incarcération. Ceci impacte la santé des personnes, mais aussi la collectivité, car les prises en charge différées sont rendues plus complexes et finalement plus onéreuses", déplorent plusieurs médecins.

Garantir un accès digne

Le Dr Brecht Verbrugghe a saisi l'Ordre des médecins en mai dernier pour dénoncer cette situation. "Si on regarde la qualité du soin en prison, c'est épouvantable. Il n'y a pas du tout d'équivalence de soin, à moins de considérer qu'avant son incarcération le détenu vivait dans la rue. Alors, oui, on donne la même qualité de soin que s'il était dans la rue", alerte-t-il.

Le Conseil de l'Ordre des médecins a rendu un avis le 12 septembre 2025, actant les transgressions systématiques aux droits fondamentaux des détenus.

Les bâtonniers demandent aux responsables politiques de prendre leurs responsabilités et de garantir un accès digne et équivalent aux soins de santé dans toutes les prisons du pays.

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