Le journal du médecin

Data-rata-rata

À de nombreuses reprises, plus particulièrement ces derniers mois me semble-t-il, diverses autorités et des entreprises privées dites mutualistes ont évoqué ou recommandé l’utilisation de « données de santé » dont elles ou diverses autres structures disposeraient.

data données de santé
© Getty

Il s’agit par exemple de données se trouvant dans les dossiers médicaux personnels. Ces données sont accessibles aux personnes qu’elles concernent, au point même qu’elles ont le droit d’en exiger la suppression ou la correction si elles leur semblent inexactes ou si elles leur déplaisent. Mais en même temps, leur exploitation devrait permettre de construire des recommandations sanitaires, voire même de véritables politiques sanitaires nationales.

J’ai lu, en effet, ceci : « (…) les citoyens doivent (!) jouer un rôle plus actif dans le suivi de leur santé, notamment grâce aux données qui sont – ou seront - disponibles sur diverses plateformes (…) acquérir des connaissances approfondies en vue de construire une politique appropriée … »

 Aucun reproche ne peut être fait au médecin de garde surchargé qui, à domicile, appelé auprès d’une personne qu’il ne connaît pas, doit en quelques minutes poser un diagnostic, si celui-ci se révèle approximatif. Aucun. Même si cela mène à des erreurs. Elles sont inévitables dans de telles circonstances.

Calamités en vue

Quelques exemples réels, recueillis personnellement. Le diagnostic de ‘grippe’, en été, est parfois fort fécond : pneumonie lobaire avec épanchement pleural, hépatite A ou encore septicémie au départ d’érysipèle (deux cas). À l’inverse, une tachycardie qui était une grippe authentique. Plus surprenant, une hernie inguinale bilatérale traitée par un bandage herniaire (soigneusement confectionné par un prothésiste) qui était… une leucémie lymphoïde chronique. Pensons aussi aux dizaines de milliers d’innombrables pseudo-allergies.

Toute personne habituée à la méthode scientifique ou aux évaluations statistiques sait qu’il est primordial de définir ab initio non seulement les buts d’une étude et la méthodologie de l’analyse, mais aussi la qualité des données et la manière de les recueillir. C’est peut-être le plus essentiel. Or, rien n’y veille dans nos fumeuses « données de santé à la belge ». Rien. Et pourtant, certains prétendent bâtir une politique de santé nationale sur un tel socle. Pour les années à venir ! Quelle folie ! Quelle cascade de calamités en vue.

Si les « économistes de la santé » se dépêchent, sans doute nous imposeront-ils après-demain la sécu d’avant-hier, sans avoir même entamé la conception d’un système de santé.

Une autre prétention est de traduire en pseudo-vérités sanitaires des relevés comptables dont disposent les entreprises privées dites mutualistes et l’Inami.

J’ai lu récemment ceci, issu de l’une de ces officines : « Dans les maisons de repos et de soins, 49,5 % des résidents prennent des antidépresseurs de manière régulière, 23 % « CONSOMMENT » des antipsychotiques. Ces chiffres révélés par une enquête [d’une entreprise privée dite mutualiste] montrent que la situation évolue peu ces dernières années. Pourtant, des solutions existent pour réduire le recours aux psychotropes et améliorer la santé mentale des personnes âgées. »

Relevons l’usage stigmatisant du verbe « consommer », réservé en général en matière de santé, aux toxicomanes. Charmant ! « Vous prendrez bien encore un peu de thé, chère Madame, et quelques milligrammes de Brolonium ? » Les auteurs de ces pseudo-‘études’ laissent leurs lecteurs conclure qu’il s’agit de mauvaises pratiques médicales, de toxicomanies entretenues par de médiocres soignants-dealers.

Observer le réel

Mais, comptables certes très soigneux, entre les œillères de leurs relevés de remboursement et les écrans de leurs calculettes, ils ont simplement « oublié » d’observer le réel. Par exemple, la nécessité impérative de prescrire d’énormes quantités de psychotropes aux personnes emprisonnées. À Lantin, comme en maison de repos, la vie est souvent pénible. Pourtant, les similitudes entre ces deux cohortes sont certaines. Admission à la suite d’accidents de la vie (maladie, décès du conjoint aidant, expropriation, …), passage d’un logis spacieux (70 à 80 m2 pour un  appartement, beaucoup plus pour une maison) à une cellule de 12 ou 14 m2, perte, même, du simple choix de ses aliments… Mais non, cela n’apparaît ni dans les « données de santé à la belge », ni surtout dans la pensée de ceux qui prétendent construire sur cela la politique de santé du futur. Notre futur.

Évoquons, en passant, notre monstre du Loch Ness à nous, le cadastre des soignants du Royaume.

En conclusion, il paraît établi que se fonder ainsi sur les « données de santé à la belge » risque de mener à imposer au pays, pour de très longues années, des décisions fondées sur des données non seulement dépassées et déjà obsolètes, mais surtout recueillies par des méthodes erronées. En clair, si les « économistes de la santé » se dépêchent, sans doute nous imposeront-ils après-demain la sécu d’avant-hier, sans avoir même entamé la conception d’un système de santé.

R.I.P.

Wat heb je nodig

Krijg GRATIS toegang tot het artikel
of
Proef ons gratis!Word één maand gratis premium lid en ontdek alle unieke voordelen die wij u te bieden hebben.
  • checkdigitale toegang tot de gedrukte magazines
  • checkdigitale toegang tot Artsenkrant, De Apotheker en AK Hospitals
  • checkgevarieerd nieuwsaanbod met actualiteit, opinie, analyse, medisch nieuws & praktijk
  • checkdagelijkse newsletter met nieuws uit de medische sector
Heeft u al een abonnement? 
Geschreven door Dr Charles Kariger, médecin généraliste11 september 2025

Gerelateerde artikels

Effect of biological treatment in uncontrolled severe chronic rhinosinusitis with nasal polyps in Belgium: a multicentre real-world data study

Background: Double-blinded placebo-controlled trials have revealed the efficacy of mepolizumab and omalizumab in the treatment of chronic rhinosinusitis with nasal polyps (CRSwNP). However, real-world efficacy (RWE) data, data on therapeutic response and level of disease control for both biologicals are lacking. Methodology: 167 patients with uncontrolled severe CRSwNP, meeting national reimbursement criteria, were included with follow-up over 24 weeks. Primary outcomes included changes in nasal congestion (NCS), nasal polyp score (NPS), VAS-scores, SNOT-22, ACQ-5, and AQLQ scores. Secondary outcomes were therapeutic response and disease control according to EUFOREA/EPOS criteria. Results: Of the 167 CRSwNP patients, 144 received mepolizuma

Gestalkte vrouwen lopen meer risico op hartaandoeningen en beroerte

Een nieuwe studie, gepubliceerd in het tijdschrift Circulation, toont aan dat vrouwen die slachtoffer waren van obsessieve stalking meer kans lopen om hartaandoeningen en beroertes te ontwikkelen.

Hoe halen we kwaliteitsinformatie uit administratieve data?

Een nieuwe onderzoeksleerstoel aan de KU Leuven gaat variaties in zorgkwaliteit tussen ziekenhuizen en binnen ziekenhuizen bestuderen. De onderzoekers willen daarbij ook administratieve data gebruiken.

Hof van Justitie over bescherming genetische en biometrische data

Het Europees Hof van Justitie heeft een attest geveld waarin de draagwijdte van enkele bepalingen in de Algemene Verordening Gegevensverwerking over de bescherming van genetische en biometrische data worden verduidelijkt.

Print Magazine

Recente Editie
01 december 2025

Nu lezen

Ontdek de nieuwste editie van ons magazine, boordevol inspirerende artikelen, diepgaande inzichten en prachtige visuals. Laat je meenemen op een reis door de meest actuele onderwerpen en verhalen die je niet wilt missen.

In dit magazine