Hôpital universitaire de Bruxelles
Dépister le cancer du poumon à temps pour mieux le traiter
L’Hôpital universitaire de Bruxelles (H.U.B) lance un appel fort dans le sillage du mois de sensibilisation au cancer du poumon: il est temps de mettre en place un parcours officiel et accessible de dépistage du cancer du poumon en Belgique.
Souvent diagnostiqué à un stade avancé, le cancer du poumon est l’un des cancers où les progrès médicaux sont les plus rapides: "nouveaux traitements ciblés, immunothérapies et amélioration du suivi personnalisé permettent aujourd’hui d’allonger significativement l’espérance et la qualité de vie des patients", explique le H.U.B. dans un communiqué.
Mais pour bénéficier de ces avancées, encore faut-il le diagnostiquer à temps, c'est-à-dire plus tôt...
Des moyens existent, pas le cadre institutionnel
Des examens efficaces existent, comme le scanner thoracique à faible dose par exemple, qui permettent de détecter les tumeurs avant l’apparition de symptômes.
"Ces examens ne s’intègrent toutefois pas encore pleinement dans le parcours de soins, et ne sont pas proposés systématiquement aux publics à risque comme les fumeurs ou les anciens fumeurs présentant une BPCO, souvent liée au cancer du poumon", souligne l’Hôpital universitaire de Bruxelles.
La BPCO est un facteur de risque à part entière: à tabagisme équivalent, les patients atteints de BPCO ont deux à six fois plus de risque de cancer du poumon.
« Nous disposons aujourd’hui des technologies et de l’expertise nécessaires pour identifier les personnes à risque et repérer la maladie à un stade précoce. Ce qui manque, c’est un parcours de dépistage structuré et reconnu par les autorités de santé. Il est urgent de franchir cette étape. » - Pr Leduc, chef du service de pneumologie de l’H.U.B.
Dans un rapport de 2024, le KCE avait calculé que le coût moyen de prise en charge d’un cancer du poumon diagnostiqué tardivement est deux à trois fois supérieur à celui d’un cancer détecté précocement.
"Le dépistage par scanner à faible dose (LDCT) chez les personnes à haut risque présente un rapport coût-efficacité favorable, estimé à 18.000 à 22.000 euros par année de vie gagnée (points QALY) par patient", poursuit le H.U.B. En Belgique, un traitement ou un programme est généralement considéré comme « coût-efficace » si le coût par points QALY gagnés est inférieur à 35.000 euros. "Une mise en place nationale pourrait donc générer, à long terme, jusqu’à 25% d’économies nettes sur les dépenses hospitalières liées à cette pathologie."
Bientôt un 'nez' électronique ?
Ce type de dépistage a-t-il montré son efficacité en termes de mortalité ? Oui, selon trois études: une réduction de la mortalité de 17 à 24% a été observée parmi des personnes à risque dépistées [1].
Par ailleurs, le projet Interreg « ALCOVE », co-financé par l’UE (vidéo ci-dessous), "explore le potentiel d’un 'nez électronique' capable de détecter des composés organiques volatils caractéristiques du cancer du poumon dans l’haleine des patients", explicite le H.U.B. "Cette technologie, complémentaire aux examens d’imagerie, pourrait rendre le dépistage plus rapide, moins invasif et plus accessible."
En attendant l’obtention d’un remboursement du dépistage du cancer du poumon, les équipes des services de pneumologie et d’oncologie thoracique de l’H.U.B. rappellent également l'importance du financement du sevrage tabagique pour réduire le risque.
"Un dépistage systématique et ciblé diminue l’incidence de cancer pulmonaire et la mortalité associée", appuie la Dre Anouk Goudsmit, oncologue. Et de conclure: "Nous avons les données, les outils et les compétences. Il ne manque plus qu’une décision politique pour franchir le pas."
1. ERS, essai Nelson et revue Cochrane.