TransplantatiechirurgiePremium

De chirurgien pionnier dans le transplantation à sculpteur de marionnettes

Il a pratiqué des milliers d’interventions chirurgicales, dont les premières greffes pancréatiques et pancréas-rein en Wallonie dès les années 1980. Il a publié des centaines d’études dans de prestigieuses revues scientifiques et participé à des missions humanitaires au Viet Nâm. Désormais, Michel Meurisse, professeur émérite de la faculté de médecine de l’ULiège, sculpte. Il a troqué le scalpel contre la gouge, qu’il manie des heures durant au chevet de marionnettes pour leur insuffler la vie, dont celles du petit théâtre du comédien Bouli Lanners. Rencontre avec un médecin passionné, également pianiste, dessinateur et ex-marathonien, dont la soif d’apprendre n’a de limites que l’objectif atteint... histoire de mieux rebondir vers une nouvelle vocation.

Sa passion du bois lui a permis de prendre le chemin de la retraite (2019) en douceur. Dès 2010, alors chef du service de chirurgie abdominale du CHU de Liège, le Pr Meurisse s’inscrit au cours du soir de sculpture. L’amour du ciseau le mène ensuite vers la menuiserie et l’ébénisterie, avec une inclination pour l’ornement liégeois. Quelques meubles et bas-reliefs plus tard (dont une réplique de la chaise de Rietveld), survient le covid... Le monde s’arrête et le rideau tombe sur les ateliers. Mais une rencontre s’avère déterminante : celle du président du Centre de la marionnette de Saint-Nicolas, sur les hauteurs de la Cité ardente, dernier bastion de la création des marionnettes liégeoises dont le plus célèbre ambassadeur n’est autre que Tchantchès. Le marionnettiste, en quête de techniques d’ornement pour embellir ses Charlemagne et chevaliers, et le chirurgien, retraité depuis quelques mois, sympathisent. « Je connaissais l’existence des marionnettes, surtout à Liège, mais jamais je n’avais songé à en créer ! Et là, j’ai eu le coup de foudre : les marionnettes me permettaient de mettre en pratique tout ce que j'avais acquis, tout en étant inventif. Et c'était autrement plus ludique que de sculpter un meuble », se souvient-il.

Du scalpel à la gouge, une formation qui n’en finit pas de continuer

C’était il y a cinq ans. Depuis, Michel Meurisse a fabriqué 140 marionnettes. Dont la plupart lui ont échappé. Car les commandes affluent : un souffleur de verre, un grand-père et sa petite-fille, une dizaine de marionnettes typées psychologiquement (un enfant trisomique, une mamy bienveillante...) pour des psychiatres de Bruxelles qui désirent les utiliser en thérapie avec des patients handicapés – « Là, je fais les plans de leur théâtre ! », précise Michel Meurisse. Ou encore un Freddy Mercury qui n’attend plus que son costume de scène blanc et jaune du mythique Live at Wembley de 1986. Et c’est sans compter la centaine de couples de Tchantchès & Nanesse pour le musée de la Vie wallonne à fabriquer chaque année.

Marionnettes Pr Meurisse
Le pape François, Donald Trump (1er mandat) et Poutine (en prisonnier). ©  CV

La marionnette de son cœur ? Celle dont il n’est pas prêt de se séparer ? « Eh bien, la plus aboutie », lâche, dans un sourire, ce perfectionniste en diable. Soit un magnifique Charlemagne de 115 cm, avec ornement en pur style liégeois, qui a exigé 300 heures de travail. Sa tringle accrochée au rayonnage de la bibliothèque, Carolus Magnus coudoie Mister Bean (avec son Teddy en poche), un Poutine en prisonnier de guerre menotté qui côtoie un Trump version premier mandat, qui lui-même frotte la manche… du pape François. Quelle galerie ! (ça doit être chaud, la nuit, dans le bureau de l’ancien chirurgien…)

« J’avais le projet de faire Kim Jong-un, mais quelqu’un m’a dit que si je voulais faire tous les co**s de la Terre, il n’y aurait jamais assez de tilleul ! », pouffe le chirurgien. Il raffole du rôle primal de la marionnette comme outil de propagande: « Dans toutes les cultures, on trouve des marionnettes qui servent à faire dire tout ce qu’on veut, et contre qui on veut. Quand Tchantchès se rebelle contre les riches, on ne le met pas en prison », illustre-t-il.

Dans le bureau trônent également Einstein, Laurel & Hardy ou encore une tête de « bok sin dint » - célèbre personnage wallon à la bouche édentée. Une autre star, dans l’atelier à la cave, attend encore quelques coups de gouge : Kylian Mbappé, commande expresse d’un de ses petits-enfants... Il en a sept, cela doit représenter pas mal de spectacles de marionnettes en famille ! « Eh non, je n'ai aucune imagination pour inventer des histoires, donc je ne suis pas montreur du tout ! », avoue-t-il.

« Médecin » des marionnettes de Bouli Lanners

Puis, un jour, le téléphone sonne. L’écran affiche un numéro inconnu au répertoire... « En général, si le numéro n'est pas dans mes contacts, je ne réponds pas », précise l’ancien chef de service, qui est alors dans son atelier, en train de sculpter. « Je décroche, et j'entends : ‘‘ Bonjour, je suis le beau-fils de Jacques Ancion (un marionnettiste très connu à Liège et aujourd’hui décédé, NdlR). Dites, j'ai une série de marionnettes héritées de mon beau-père, est-ce que dans votre atelier à Saint-Nicolas, vous restaurez ? ’’ », narre Michel Meurisse. « Dans ma tête, j’ai un déclic et je réponds : ‘‘Mais vous êtes Bouli Laners ! ’’ Et il me dit : ‘‘ Oui, oui, c’est Bouli ’’. Il est venu à l’atelier, le courant entre nous est tout de suite passé. Il a apporté des marionnettes à restaurer et je lui ai aussi fabriqué de nouveaux personnages : des Noirs, un enfant obèse, une femme d’allure normale (les marionnettes féminines sont soit des princesses, soit des femmes acariâtres, NdlR). »

L’ancien maître ès greffes signe-t-il ses œuvres pour la postérité ? Non, comme la plupart de ses prédécesseurs (sauf exceptions, des initiales, parfois, dissimulées sous la tête). « Mais souvent, on reconnaît le sculpteur à son style », confie Michel Meurisse, « ainsi des marionnettes de Deletrez, de la famille Pinet ou de Denis Bischeroux, dont un Charlemagne - merveille des merveilles! - peut valoir jusqu'à 10.000 euros. »

« Le dessin a toujours été une passion... mais je suis daltonien. Le pire, c'est quand le Standard (en rouge) joue contre le Cercle de Bruges (en vert): je ne vois pas la différence ! Par contre, en chirurgie endocrine, je repérais de suite les parathyroïdes. »

Pas très différent du bloc opératoire

Pr Meurisse gouges
Il existe jusqu'à 200 gouges différentes, mais une quarantaine suffisent pour créer une marionnette. L'outil, très affûté, diffère peu du bistouri dans le main du chirurgien... si ce n'est qu'il n'est pas stérile et qu'il a besoin de l'autre main pour se faire guider. © CV

« Opérer ne me manque pas », confie Michel Meurisse. « J’ai fait tout ce que j’aimais et j’ai tourné la page. Mais dans la sculpture - et notamment dans la marionnette -, je retrouve exactement les automatismes chirurgicaux : des outils tranchants, des gestes précis… » Si, aujourd’hui, il passe toujours des heures penché sur les corps - des corps à réparer parfois, voire à greffer d’un nouveau lambeau de tilleul - , il n’a pas d’infirmière pour lui passer les instruments. « Et les marionnettes n’ont pas d’avocat non plus ! », glisse-t-il en boutade.

Il continue aussi d’exercer en musique, comme au temps du bloc, en compagnie de Bach - « presque mathématique, tellement géométrique, en contre-point qui va si bien avec la chirurgie ! Les infirmières préféraient la radio, moi cela me rendait fou », rit-il. « Mais j’aime aussi le répertoire des romantiques ou, parfois, une balade de Chopin », précise ce musicien à ses heures, tombé en amour d’un orgue à 14 ans à Namur, sa ville natale, et qui débuta le piano à 17 ans, en même temps que la médecine.

Mais contrairement à sa vie antérieure, tout ce qu’il fait, ici, se voit. Et quel labeur pour cet expert en anatomie qui soigne les moindres détails. Exit les traditionnels sabots grossiers : ses marionnettes portent des souliers (parfois à lacets). Il a aussi décidé de séparer les doigts - l’influence, peut-être, de son mentor le Pr Georges Lejeune, auteur notamment d’une greffe d’avant-bras et d’une greffe d’orteil pour remplacer un pouce ? « Je trouvais les visages et les mains fort carrés. Donc, j'ai commencé à séparer les doigts. Au début, à l’atelier, on criait au scandale… Et j'ai vite compris pourquoi : les marionnettes qui jouent sont exposées à de nombreux combats, donc plus vous séparez, plus vous les fragilisez. C’est pour cela que les chevaliers ont un casque conçu pour protéger leur nez. Mais les marionnettes d’apparat ne risquent pas de se battre (sauf, peut-être, quelques-unes dans son bureau…), donc je soigne beaucoup l'anatomie. »

Son expertise de chirurgien et son œil de dessinateur portraitiste l’aident-t-il à insuffler une âme à ses œuvres ? « Indiscutablement. Là, je réalise une guitare baroque de la Renaissance – une ‘vihuela de mano’. J’ai choisi une gargouille de Notre-Dame comme sculpture au bout du manche : marquer un deltoïde ou le muscle releveur de la lèvre supérieure donne plus de vie. » Il peut aussi compter sur les conseils de Pierre Bonnet, professeur d’anatomie humaine (ULiège) et dessinateur hors pair qui, par émulation, vient aussi de se mettre à la marionnette... Pour remplacer Michel Meurisse bientôt ?

« J'ai toujours besoin d'apprendre de nouvelles choses et j’ai un mode de fonctionnement ‘extrémiste’ (dixit Madame) : je me fixe un objectif et une fois qu'il est atteint, je passe à autre chose. Pendant toute ma carrière médicale, je courais 15km tous les jours autour de l'hôpital avant d’entamer mes chirurgies et je faisais aussi trois marathons par an. Un jour, je me suis fixé de le courir sous les 3h. J’ai fait 2h59 au marathon d’Echternach et le lendemain, j’ai arrêté de courir ! Je viens de découvrir la lutherie, j'ai envie de savoir comment on fait une guitare pour ne pas mourir idiot, donc tout le monde autour de moi se demande quand je vais arrêter la marionnette... » (sourire)

Envie de découvrir les différentes étapes de la création d'une marionnette ? De savoir pourquoi on utilise du tilleul? Ou de passer en revue l'incroyable carrière de ce médecin qui a formé la génération actuelle des meilleurs transplanteurs d'organes ? Rendez-vous sur www.lejournaldumedecin.com

Wat heb je nodig

Krijg GRATIS toegang tot het artikel
of
Proef ons gratis!Word één maand gratis premium lid en ontdek alle unieke voordelen die wij u te bieden hebben.
  • checkdigitale toegang tot de gedrukte magazines
  • checkdigitale toegang tot Artsenkrant, De Apotheker en AK Hospitals
  • checkgevarieerd nieuwsaanbod met actualiteit, opinie, analyse, medisch nieuws & praktijk
  • checkdagelijkse newsletter met nieuws uit de medische sector
Heeft u al een abonnement? 
Geschreven door Cécile Vrayenne10 december 2025

Meer weten over

Gerelateerde artikels

ULiège dient klacht in tegen indringers forensisch instituut

De Luikse universiteit heeft een klacht ingediend nadat twee Nederlandse urban explorers het voormalige forensisch instituut waren binnengedrongen.

Effect of biological treatment in uncontrolled severe chronic rhinosinusitis with nasal polyps in Belgium: a multicentre real-world data study

Background: Double-blinded placebo-controlled trials have revealed the efficacy of mepolizumab and omalizumab in the treatment of chronic rhinosinusitis with nasal polyps (CRSwNP). However, real-world efficacy (RWE) data, data on therapeutic response and level of disease control for both biologicals are lacking. Methodology: 167 patients with uncontrolled severe CRSwNP, meeting national reimbursement criteria, were included with follow-up over 24 weeks. Primary outcomes included changes in nasal congestion (NCS), nasal polyp score (NPS), VAS-scores, SNOT-22, ACQ-5, and AQLQ scores. Secondary outcomes were therapeutic response and disease control according to EUFOREA/EPOS criteria. Results: Of the 167 CRSwNP patients, 144 received mepolizuma

Biologische therapieën en ernstige chronische rhinosinusitis met neuspoliepen: een Belgische real-worldstudie

Van de 167 patiënten met CRSwNP kregen 144 mepolizumab en 23 omalizumab. Na 24 weken verbeterden de gerapporteerde uitkomsten en de NPS duidelijk bij beide behandelingen, met significante effecten vanaf 12 weken en een verdere daling van de NPS onder

Universitaire spin-offs in 25 jaar verzesvoudigd

Het aantal bedrijven dat is opgericht met behulp van kennis en technologieën uit onderzoek (spin-offs van universiteiten) is in 25 jaar verzesvoudigd, met de oprichting van 641 nieuwe bedrijven.

Print Magazine

Recente Editie
16 december 2025

Nu lezen

Ontdek de nieuwste editie van ons magazine, boordevol inspirerende artikelen, diepgaande inzichten en prachtige visuals. Laat je meenemen op een reis door de meest actuele onderwerpen en verhalen die je niet wilt missen.

In dit magazine